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PYRENEES - GR10 - JOUR 20
Jour 20 – Samedi 31 juillet 2004
 
Mini grasse matinée aujourd’hui puisque le cadre bucolique invite à la paresse et que le week-end approche. J’aurai des courses à faire à Bagnères de Luchon situé à onze bonnes heures de marche et ce ne sera donc pas avant lundi matin. Car je goutte peu l’inutilité harassante et débile d’avaler kilométrage et dénivelé pour arriver tard ce samedi soir à Bagnères, devant les devantures des magasins fermées. 
Disposant de manière bien fortuite de deux jours pour rallier Bagnères, je savoure un levé tardif avec un but de randonnée facilement accessible comme le lac d’Oô, endormi « juste » de l’autre côté de la montagne.
Le temps semble couvert dehors. Encore du brouillard ? Non, car la tente est simplement sur un petit promontoire herbeux qui ne sera touché par le soleil que bien plus tard.
A pas de loup je m’approche de ce bel étang artificiel, alimenté en flots sonores et bouillonnants et commence par nettoyer l’unique gamelle dans laquelle je mange et où, au fil des jours et des pénuries multiples de sources et vaisselles, les strates des différentes soupes, purées ou semoules se sont superposées en un mélange de couleurs dégradées, formant une fine pellicule sur les rebords intérieurs, témoin silencieux de mes primitives agapes. 
La toilette se veut plus suave et l’eau fraîche n’infléchi en rien une impérieuse nécessité de propreté. Malgré un rasage bien approximatif, il me semble sortir d’un bain de jouvence au lait d’ânesse sitôt après la somptueuse reine d’Egypte.
Dix heures. Le soleil fait éclore les premiers randonneurs à qui j’emboîte le pas en direction du Couret d’Esquierry.
Le GR remonte le torrent en trois ou quatre terrasses successives et encaissées pour venir s’épanouir en un large replat modestement vallonné qu’il m’aurait plus d’atteindre hier soir. En face, la cabane d’Ourtiga, juchée sur son promontoire de pelouse, posée au bord d’un modeste ravin entaillé de pierres et d’éboulis se fait lentement cernée par un troupeau de vaches couleur miel caramel qui tond méticuleusement l’alpage sans lever tête. 
Plusieurs petits torrents convergent ici apportant la vie fraîchement germée d’un sommital névé inaccessible.
De même que mon petit étang artificiel, ce replat est un excellent lieu de bivouac.

Cinq cent trente mètres de grimpette étagée sous les flancs verdoyants du Couret d’Esquierry (2131 m) clôture ce qui n’était encore qu’un échauffement. Le sentier sillonne dans la pente herbeuse en d’étroits lacets resserrés quand il ne monte pas droit ! Aucun danger d’ascension évidemment, mais une attitude humble est nécessaire ici face à la montagne qui une fois de plus sait nous rappeler ce que nous sommes, de simples et vulgaires bipèdes arc-boutés sur ses flancs généreux toujours offerts, séduisants et que nous ne faisons jamais que caresser, effleurer de notre frêle piétinement. La conquête de cette belle croupe là se mérite un peu, avec une bonne heure d’efforts accrus et de souffle court.  
Même si la vue offerte au sommet est bien parcellaire, obstruée par les pics latéraux coiffant le col en une haie d’honneur monumentale, elle n’en est pas moins appréciée par les sept randonneurs que nous sommes.
Le type d’hier qui fait le GR10 par tronçons annuels, deux couples et un randonneur solitaire, barbu, un peu hirsute avec de faux airs de professeur Tournesol. La cinquantaine bien sonnée, frêle, limite gringalet avec de petits mollets tous blancs. C’est Philippe. Il est parti d’Hendaye le 6 juillet et s’est accordé trois jours de repos durant les vingt trois que dure sa marche. Il a bien l’intention d’emmener son sac Lowe Alpine (Frontier 55+15, excellent au demeurant), jusqu’à Banyuls. Je le lui souhaite et à moi aussi !!!  
 

La dégringolade jusqu’aux granges d’Astau occasionnera une chute d’altitude vertigineuse de près d’un kilomètre. Une broutille sur le ruban bitumé d’une plate autoroute, mais un effondrement abyssal en montagne. La première partie, supérieure et ensoleillée permet de dévaler les flancs du vallon d’Esquierry réputé pour sa flore nombreuse et multicolore qui tapisse le sommet de l’alpage enchanteur. Descente aisée tout autant qu’agréable jusqu’à la cabane homonyme non loin de laquelle coule un ruisseau. Le sentier file ensuite en sous-bois pour la seconde moitié du parcours, en un décor diamétralement opposé à ce verdoyant vallon. La pente est raide, mais le sentier agréable, ombragé et douillet,... ou comme aurait tout aussi bien pu le dire un fameux Jean-Pierre, poitevin et premier ministre de son état : « La route est droite mais que la pente est longue ». Déjà importante, elle s’accroît à vue d’œil et une infinité de lacets généralement mineurs permettent de sortir de la forêt à proximité d’un pont et des granges d’Astau (1139 m).
Même si le dénivelé brutal me provoque quelques douleurs aux genoux, dues à toutes ces descentes que je m’enquille en trottinant, le plaisir est pourtant présent, grisant et la satisfaction optimale de pouvoir sinuer à bon train dans la meilleure courbe possible. Avec l’appui indispensable de deux bâtons pour un tel exercice, la descente du col ne m’a pris qu’une heure au lieu des deux heures quinze suggérées dans le guide.  
Un bon troupeau d’une centaine de vaches miel caramel en bas, et beaucoup de touristes et autres randonneurs du dimanche aussi.
Pardon, « du samedi » !
Normal, puisque le lieu, terminus de la route est le point de départ de quelques randonnées ou promenades faciles dans le val d’Astau, comme le maintenant très proche lac d’Oô.
Cette descente à toute berzingue (mille mètres en une heure) m’a ouvert l’appétit et les bars ou gargotes du lieu m’autorisent un repos bien mérité à l’ombre d’une terrasse, accompagné d’un Orangina avec son lit de glaçons et un chocolat liégeois. Un régal surtout en regardant sur les dernières pentes, les autres en terminer sous le ravageur cagnard !
Rafraîchissant et nourrissant ce chocolat liégeois, puisqu’il constitue mon seul repas consistant. J’ai bien fini le reste de pain d’épice avec deux vitamines ce matin, mais peut-on raisonnablement qualifier cela de copieux petit déjeuner ?!!
Alors j’apprécie ce chocolat-là !
A la table d’à côté, un couple mange une salade et un tournedos en se disant que décidemment c’est bien cher, et qu’ils pourraient bien avoir envie de monter un petit restaurant d’alpages, eux aussi. Sans doute, mais mon intérêt est ailleurs, dans leurs assiettes, dont j’aurai bien mangé la viande, car appétissante.  
Une petite chapelle merveilleusement décorée trouve la force de survivre entre les parkings surchargés de voitures et les restaurants à touristes. Son fronton est magnifiquement peint de deux personnages bibliques et l’on reconnaît aisément Saint Christophe à droite, portant l’enfant Jésus sur son épaule. Le tout baigne en des couleurs chatoyantes aux motifs d’inspiration orthodoxe. Le personnage de gauche supposé être Jacob, invite le visiteur à la prudence. Laquelle prudence est relayée par une cocasse et spirituelle invite au respect du lieu : « Si vous croyez en Dieu, faites une prière. Sinon respectez ce lieu. Si vous êtes un âne écrivez ici votre nom : les passants sauront que vous êtes venu ici. »
Bien plus poétique et cocasse qu’un martial : défense d’afficher !
Pour la montée au lac d’Oô, chers lecteurs, rien n’est plus aisé que de vous fondre dans la foule processionnaire qui en de longues files clairsemées parcoure inlassablement le sentier carrossable pour 4x4. C’est aussi simple que cela, retrouver un instinct grégaire et voilà ! Comptez une heure tout juste sur ce large chemin pierreux sans difficulté avant de déboucher sous le déversoir du lac d’Oô (1504 m), protégé qu’il semble être par un refuge grisâtre d’aspect bien décati.
Là-haut, encore du monde évidemment attiré par la stature imposante et majestueuse du lieu. Un incomparable lac aux eaux verdâtres et calmes s’étirant au fond d’un cirque de montagnes aussi abruptes qu’élevées. La cascade qui en de fins et soyeux cheveux de fée chute sur la rive opposée, pourrait aisément faire passer le site pour un traditionnel fjord norvégien tant les similitudes sont palpables. Une promenade autour du lac semble improbable ou délicate tellement les berges demeurent sauvages et pentues, accroissant l’écrasante harmonie du lagon d’altitude.  
Espérant immortaliser du mieux possible le paysage qui s’offre en ce lieu, je pose mon sac à dos sur un rocher et entame sans plus tarder la série de photos, profitant d’une pénurie momentanée et presque inespérée de promeneurs lorsque survient un « badaboum » qui me tire des hauts le cœur. Le sac à dos, un peu taquin et surtout mal calé vient de faire un roulé-boulé sur le chemin immobilisé à un mètre du petit ravin qui aurait tout aussi bien pu lui servir de plongeoir. Pas malin j’aurais été si comme une pierre dans le lac il eut sauté…
Ma gourde est vide, il fallait bien que ça arrive.
Une centaine de mètres plus loin, je bois avec délectation à un petit pissou qui coule des montagnes, quelques mètres avant de s’unir avec les eaux du lac en contrebas.
Un randonneur assoiffé aussi, originaire vraisemblablement d’un quelconque pays de l’Est, me baragouine quelque chose dans son inintelligible vocable, en tendant ostensiblement la main vers la bouteille d’eau dans laquelle je suis entrain de boire. Sans autre forme de procès il s’en saisit, y boit tout son sou, la remplit de nouveau au ruisseau et me la rend, ragaillardi. Je suis stupéfait qu’il ait bu dans ma bouteille, à moi, la mienne… alors qu’il aurait tout aussi bien pu boire directement au ruisseau… J’avoue naïvement ne pas avoir tout compris… Enfin, je me console en me disant que je suis beaucoup plus sale que lui !!!
Le lac d’Oô est maintenant atteint, mais l’objectif du jour est bien trop densément peuplé pour le pauvre sauvage que je deviens. Le GR longe la rive du lac en prenant régulièrement de l’altitude, mais demeure sans danger grâce à une série de câbles faisant office de rambardes en de rares passages supposés vertigineux. Au-delà d’une série de raidillon, il passe à proximité du saut de la cascade, offrant un panorama exceptionnel, aérien, ouvert avec charme et beauté sur le cirque de montagne. Déjà le refuge tapi près du lac figure un point sous l’horizon.
Toujours des promeneurs qui descendent sans tous toujours laisser la priorité à ceux venant en sens inverse hélas. On vous en a déjà pourtant déjà parlé de ça, un peu avant le col de Portet !!!
Un gros rocher (1910 m) dénommé « paquet de tabac » gisant au milieu du sentier marque l’intersection entre les directions du refuge d’Espingo (1967 m) et la suite du GR10, intitulée ici « Super » pour Superbagnères.
Si le chemin carrossable venant des granges d’Astau était une autoroute à touristes, sitôt la bifurcation passée en direction de Bagnères, me voilà sur un sentier vicinal tant les rencontres font figure d’exception.
Le dénivelé restant à gravir annihile sans doute la dextérité et le zèle du plus grand nombre. Trois cent soixante cinq mètres d’une élévation quasi annuelle, perpétuelle au demeurant, faisant traverser les flancs abrupts de la montagne en surplomb vertical du lac. Qu’est-ce que ça grimpe là encore sur ce sentier bien balisé et suffisamment large. 
Des zigzags à la pelle offrant à chaque virage l’impossible illusion de se trouver perché à la verticale du lac.
Nouvelle pause hydratation dans l’un des rares torrents d’alimentation du lac, un litre englouti, c’est le tarif habituel pour combattre un temps la soif, quoique la chaleur commence à décroître. Je remplis ma petite bouteille de cinquante centilitres, trouvée dans le train couchette au départ de Lyon en me disant que c’est bien suffisant pour tenir jusqu’au prochain pissou où là je remplirai ma gourde. Message personnel à tous les randonneurs souffrant de procrastination chronique et débile : N’attendez pas pour remplir votre gourde, dans la montée vers la Hourquette des Hounts Secs tant que la possibilité vous est offerte… Car dans « Hounts Secs » il y a « sec » qui pour mémoire, signifie qui ne renferme pas d’eau ! Et j’en ai encore fait l’amère expérience…
L’arrivée à ce col de Hounts Secs (2275 m) se fait en à peine moins de deux heures depuis les berges du lac d’Oô, situé 770 mètres plus bas. C’est en montant qu’on devient montagnard ! Jamais ce dicton rigolard n’aura été aussi bien mis en valeur qu’ici. Pour autant libératrice qu’elle soit, l’arrivée au col offre le plus beau panorama de la journée avec cette situation prédominante sur le lac. Là, pour le coup, il ne faut pas laisser débarouler son sac à dos ! Le petit terre-plein plat matérialisant le col offre la possibilité de s’asseoir et de détailler paisiblement le reste de l’itinéraire jusqu’au col encore lointain de la Coume de Bourg, dernier passage d’altitude avant Superbagnères, avant Bagnères, avant le centre virtuel du GR10 en Pyrénées.
Le panorama futur est d’autant plus saisissant qu’il est la preuve formelle s’il en était encore besoin de l’inaptitude flagrante de la FFRP à proposer dans ses topos guides vendus à prix d’or des graphiques fiables. Ainsi, le graphiteux endimanché propose un tracé vaguement plat entre nos deux cols d’altitude quasi identiques : Hourquette des Hounts Secs (2275 m) et le col de la Coume de Bourg (2272 m). Chic, chic se dit le randonneur, c’est tout plat, sans doute un symbolique sentier rejoint les deux cols ! Hélas du rêve à la réalité on est parfois abusé, avec la complicité mesquine de l’association susnommée. Entre les deux cols, le GR10 décrit un magnifique « W », descendant à fond de vallon, remontant sur le versant opposé et recommençant encore. Pour une ligne droite, elle est plutôt caduque.
Une heure vingt au bas mot pour joindre ces deux cols…
Je fais un panoramique depuis ce col qu’il est louable d’atteindre enfin et entame la conversation avec un alpiniste à peine encombré d’un petit sac à dos de trente litres et d’un piolet. Je parle de ma balade dans les Pyrénées, de la joie prochaine d’arriver à mi-parcours. Lui préfère les petites courses à la journée et s’inquiète du temps qu’il reste jusqu’à Bagnères de Luchon car sa voiture y est stationnée et les deux amis qui l’accompagnent traînent un peu la patte, à bonne distance encore. Ils ont fait un sommet à trois mille mètres et voudraient bien avoir la navette qui descendra de Superbagnères, jusqu’à leur voiture… Je ne souffle mot, mais le défi m’apparaît bien illusoire. Alors qu’ils descendent dans le vallon suivant, déjà loin et bas sur le sentier, s’activant du mieux possible, le vent me rapporte les dires du premier, assénés comme pour mieux motiver ses frêles troupes déconfites déjà, face au challenge qu’il leur faut encore relever :
-          Le type là-haut marche en solo avec son sac à dos. Il traverse les Pyrénées depuis trois semaines déjà. L’année dernière il a fait les Alpes…
 Je souris et secoues la tête à entendre ça. J’aurai presque envie de lui crier : 
-          En vingt jours et pas vingt et un !
Mais quelle importance pour celui qui n’est pas dans la randonnée, qui ne porte pas le sac quotidiennement et ne subit pas le dénivelé, que ce soit vingt ou vingt et un jours ? Un de plus ou un de moins, c’est du pareil au même. Pour moi, un jour de plus c’est environ sept heures de marche en plus ! C’est la raison pour laquelle je m’astreins aussi souvent que cela m’est possible à marcher une heure de plus, au-delà de la fatigue, au-delà de l’épuisement presque total. Ainsi grâce à cette heure supplémentaire, ajoutée aux autres surnuméraires, au bout d’une semaine à ce régime, j’ai gagné une journée de marche sur le total. Une journée pour finir plus vite, une journée pour sortir plus vite des Pyrénées, me laisser aspirer par la Méditerranée.
En vingt jours, s’il vous plaît ! Je ne sais s’ils ont réussi à avoir la navette ce soir-là.  
 
Pour ma part, je me contente modestement de descendre doucement dans le vallon suivant, situé sous le pic de Courne Nère. Pas d’eau évidemment car dans « Hounts Secs » il y a « sec », on l’a déjà dit. Juste une grande mare au fond du vallon, évaporée aux trois quarts et dont je doute de la totale potabilité du maigre reliquat qui patauge au milieu de pierres depuis longtemps blanchies par l’ardent soleil. Pas d’eau, pas de réseau téléphonique non plus. Pas de bras, pas de chocolat, mais c’est une autre histoire…
Un peu amer ce soir à cause de la pénurie d’eau répétée. Mais ce qui est fait est fait. Allongé sous la tente dans la tenue d’Adam si apaisante, je demeure une proie recherchée sous l’œil vigilant, envieux et affamé d’une vingtaine de moustiques qui voudraient bien entrer et se rassasier de moi. Je devine leur envie manifeste au fait qu’ils remuent leurs pattes arrière, d’un œil sournois. Des mouches sentent sans doute la pluie car elles virevoltent aussi. Trois pince-oreilles gravissent la tente. Une petite averse sévit. Je n’ai en tout et pour tout que cinquante centilitres d’eau pour ce soir et demain matin aussi… Je tente ma chance en mettant la gamelle dehors, sous le double toit en espérant récupérer un peu d’eau de pluie.
On fait ce qu’on peut, vous savez !
 
Une tablette de chocolat avalée en guise d’amuse-gueule et commencent les travaux pratiques de fin de journée, à savoir une petite pédicure pour enlever résidus de peaux mortes et un peu de corne venant à propos renforcer le talon. L’ongle du petit doigt de droite est noir depuis plusieurs jours déjà. Il est sans doute foutu, je le perdrai bientôt. Pas de nouvelles ampoules à déclarer. Joie et gratitude !
Le bermuda, les chaussettes et le tee-shirt sont encore trempés ce soir, et tout en moi, tout autour de moi pu, une vilaine odeur de transpiration humide qui imprègne tout. Tout pu, sauf mon moral qui tient bon, qui se maintient fervent et optimiste. Demain à Bagnères de Luchon, ce sera virtuellement la moitié du périple. Déjà pas si mal pour moi qui ne pensais pas même arriver jusque là.
 
Que pourra t-on manger ce soir avec cinquante centilitres d’eau seulement ? Pas grand-chose évidemment, mais je deviens malgré moi expert en la matière. Je souhaiterais qu’il pleuve plus afin de remplir ma gamelle, mais ai-je vraiment envie de me ramasser un gros orage sur le coin de la figure ? Pas si sûr !!!
Faute d’eau, je mélange pêle-mêle au fond de la gamelle d’eau chaude, une soupe de légumes, un sachet de soupe vitaminée et un sachet de semoule. Je mélange bien et obtiens une bouillie peu ragoûtante que j’avale pourtant, sans guère plus d’appétence. Tu te rattraperas sur le dessert me direz-vous ? Ben non, pas de dessert, car il n’y a presque plus rien en magasin.   
Je mangerai d’ailleurs bien un bout de fromage, du Roquefort sur une tranche de pain de campagne fine et légèrement grillée. Les fruits me manquent aussi et musicalement si l’on peut dire, j’écouterai bien France Info, ne serait-ce que dix minutes. Vingt jours sans informations, c’est démesurément long. Que se passe t-il d’important dans le monde au-delà des montagnes ?
Mangerais bien aussi une île flottante ou deux. Je me souviens avec plaisir et envie du beau et bon sandwich à l’omelette aux chalets d’Irati, offert par la famille Mantienne. J’en salive encore. Merci à elle.
L’averse s’est arrêtée. La compassion du ciel n’a guère était prodigue, car le fond de la gamelle n’a récolté qu’un pitoyable et ridicule dixième de centimètre que je verse par terre, par dépit, par jeu aussi.
 
15°C sous la tente qui obligent l’usage du « pyjama », à près de 2000 mètres d’altitude.
5h25 de marche effective

Date de création : 08/03/2008 @ 07:15
Dernière modification : 08/03/2008 @ 18:11
Catégorie : PYRENEES - GR10
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