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ALPES - GR5 - JOUR 46
46e jour – 5 août 2005 (+ 19 de Thonon)
 
Du col du Vallonnet au gîte de Bousieyas
 
Nuit un peu fraîche, normal car le col du Vallonnet (Valloneto pour les italiens) est à 2524 m. Pas de rosée au matin, ce qui permet de replier la tente sans souci de séchage. Pas de givre non plus, c’est encore mieux.
6°C sous la tente et un peu moins de 4°C dehors.
J’ai les doigts horriblement gourds, au moment de plier la tente, ankylosés et dénués d’un quelconque réflexe. Le petit lac du Vallonnet est toujours là, derrière la butte. Il semble y avoir tellement peu d’eau dans cette grosse flaque de montagne posée au centre d’un écrin de pics et de sommets aiguisés, que marcher sur l’eau semble ici du domaine du possible. De gros rochers paisiblement érodés par les éléments, polis et arrondis avec patience jalonnent les environs du lac.   
Départ à 7h45 dans ce vallon inondé d’ombre désespérément glaciale où le soleil tarde à se montrer.
Quelques marmottes de-ci de-là mais aucun chamois ou bouquetin aperçu. Tout au plus quelques empreintes dans la terre meuble près des filets d’eau. Dommage de ne rien voir car l’endroit doit pourtant être propice : de l’eau, un alpage d’altitude et des falaises rocheuses dans lesquelles se réfugier et observer. 
Le passage dans la seule partie ensoleillée du vallon est un contraste saisissant, qui permet d’apprécier à sa juste et appréciable valeur la douce chaleur du soleil. J’avais oublié qu’il y avait beaucoup de lieux possibles de bivouac, de ce côté du col. De belles petites prairies totalement planes d’herbe rase et tendre, des îlots de verdure au milieu des rochers. Pas de panorama sur le lac du Vallonnet mais des coins de bivouacs tout aussi intéressants et propices. Certains même, protégés du vent. Des filets d’eau zigzaguent en partie le long du sentier. 
On oblique sur la gauche, en contournant la base impressionnante de la Meyna qui du haut de ses 3067 mètres barre l’horizon de manière implacable. Le sentier rejoint la piste semi carrossable qui déboule sur les baraquements de Viraysse, vestiges en lambeaux des guerres de positions stratégiques aux frontières.
Plus haut encore, une autre garnison d’importance tient le vallon en respect. Un nid d’aigle que je me promets à chaque passage d’aller visiter… Connaissez-vous la signification du mot : procrastination ?!!!
Les casernements de Viraysse ainsi que la garnison supérieure ressemblent un peu à Fort Saganne dans le désert des Tartatres, aux lueurs du jour. Un fort abandonné, perché à plus de 2500 mètres tout de même. Les seules gardiennes des lieux sont en uniforme de fourrure brune et sifflent à tout va pour signaler ma pacifique approche. Les soldats cantonnés là devaient sentir passer l’hiver, perdus dans cette cuvette sans soleil, sous le col de Mallemort. A visiter les cantonnements depuis longtemps désertés et où rien de bien intéressant ne subsiste, on a peine à imaginer la vie quotidienne du bidasse de base. Pas vraiment planqué et tout cas…
Au col de Mallemort, fixés à un grand cairn, flottent une série de petits drapeaux et prières tibétaines multicolores qui viennent adoucir la pesanteur historique du lieu. D’antiques poteaux électriques transmettaient sans doute aussi les communications entre les bâtiments. Obsolètes avec la présence au col du réseau de téléphonie mobile !
Le soleil illumine désormais la journée de randonnée. Au fond de la vallée, le paisible village de Larche s’étale 900 mètres plus bas. Les abords
du col de Mallemort, versant Sud n’ont rien de comparable maintenant. Nous voici dans un vrai et bel alpage de montagne tapissé sur des kilomètres de verdure. La descente sur Larche qui dure un peu plus d’une heure, s’effectue en palier successifs où les possibilités de bivouac demeurent la aussi nombreuses. Au loin, pointe déjà la face du Pas de la Cavale et la chaîne de montagnes qui l’encadre. Nouvelle dentelle minérale à franchir, nouvelle étape au cours de la journée d’ascension.

Loup y es-tu ?

Un groupe de randonneurs croisés, me demande, puisque je descends sur Larche, de signaler la présence en alpage de deux moutons morts.
On m’en montre un effectivement, à une cinquantaine de mètre du sentier, plus que moribond. Ces gens supposent qu’il s’agit dune attaque de loup. Je suis plus circonspect car deux moutons seraient un bien modeste tableau de chasse pour le loup.
Le village de Larche, même par un temps merveilleusement ensoleillé de ciel bleu donne toujours cette impression de tristesse, d’abandon et de mélancolie. Une espèce de Modane en miniature.
Ce village, entièrement détruit pendant la dernière guerre, s’aligne le long de la route D900 à destination de l’Italie toute proche. A quelques kilomètres, le col de Larche (Colle della Madellena, en italien) aspire un important flot de véhicules, voitures et camions qui rarement s’arrêtent
au village.
Je me rends au bureau de Poste qui fait également office de bibliothèque, pour obtenir un petit coup de tampon. J’apprends avec surprise que Larche se situe dans le département des Alpes de Haute Provence (04530). Moi qui pensais encore être dans les Hautes Alpes !
Le mot « Alpes de Haute Provence » sent bon le Sud ! On y entend déjà les cigales. 
Passage au bureau du Parc du Mercantour, situé juste à côté de la Poste, afin de transmettre l’information ovine. La fille assurant l’accueil est tout aussi sceptique que moi, à propos d’une attaque avérée de loup sous les contreforts du col de Mallemort. 
-         L’autre jour me dit-elle à tel col, il en a tué trente. Alors là, juste deux çà me semble bizarre…
 
Le petit village de Larche n’a pas de commerce utile aux randonneurs, mais la cabine téléphonique (deux cabines à carte), la Poste, la fontaine et les bancs sont rassemblés en un même lieu. Excellente chose.
Si on ajoute à cela le gîte d’étape situé de l’autre côté du pont après la douane, le randonneur pourra trouver à se loger à moindre coup et dans de bonnes conditions de confort.
Le gîte d’étape (GTA – Pierre Lombard) où j’ai eu l’occasion de m’arrêter deux fois déjà, est tranquille, bien équipé avec des chambres et dortoirs. Il ne propose pas de demi pension, mais le randonneur a à disposition toute une batterie de cuisine pour s’en donner à cœur joie. Une bonne étape et pas très cher.
Une heure de repos à Larche est bien suffisante pour satisfaire aux besoins du randonneur, avant de parcourir la longue route goudronnée parfois interminable conduisant au parking de Pont Rouge.
On passe ici devant le camping municipal mais à choisir, le randonneur a tout intérêt à se rendre au gîte d’étape. En effet, je ne vois pas bien l’intérêt de payer pour dormir par terre dans un espace clôt alors que partout ailleurs en montagne c’est gratuit ?!!!
On se croirait un samedi, sur le parking d’un supermarché, tant il y a de voitures, rangées, alignées presque au cordeau à Pont Rouge. Dire que j’y étais passé à l’automne 2003, dans le calme et la plénitude les plus complets. De l’autre côté du ruisseau de Val Fourane, une bergère aidée de chiens hèle en italien un vaste troupeau de moutons. A quelques pas les premières marmottes familières. Je me souviens avoir vu ici une équipe de la télévision publique italienne venir faire un reportage sur ses marmottes peu farouches qui mangent dans la main. Pas le temps de souffler car je veux m’extirper au plus vite de ce parking surpeuplé et des promeneurs en baguenaude.    
Direction le lac du Lauzanier, en une grosse heure et un peu au pas de charge.
La grimpette qui y conduit n’est nullement difficile puisque des familles complètes regroupant jusqu’à trois générations s’y acheminent en de longues cohortes telles des chenilles processionnaires !
Si d’ici le lac la soif vous surprenait, pas de soucis, des ruisseaux coulent tout au long du parcours. Il faut d’abord longer le torrent en une longue sente plus ou moins rectiligne et s’acquitter de trois bonnes terrasses étagées jusqu’au niveau du dévidoir du lac. En plein cagnard cela chauffe un peu il est vrai, car l’intégralité du parcours entre Pont Rouge et Bousieyas se fait sans végétation protectrice.
Dix minutes avant l’arrivée au lac, un gamin qui descend me dit comme pour me réconforter :
-         Vous y êtes bientôt !
Je réponds entre deux respirations :
-         Tu sais pas où je vais petit, tu sais pas où je vais…
-         Vous allez pas au lac, demande t-il intrigué ? 
-         Non, je vais à la Méditerranée…
Silence et surprise. Incrédulité aussi.
Heureusement qu’il n’y a pas encore de baraque à frites ni de buvette, car sinon cela attirerait encore plus de monde au lac. Serviettes de bain bariolées, taches éparses multicolores sur les berges sont autant de présence humaine qui amoindrit la beauté du site. Adieu marmottes presque apprivoisées et photos de lac dans les solitudes ! Il n’en demeure pas moins que le lac du Lauzanier (2284 m) bénéficie d’un cadre de montagne qui récompense des efforts passés et à venir. Encore une petite heure stratégique pour franchir le seuil invisible séparant les touristes, des promeneurs et des randonneurs. Exactement comme en alpage, où la faune se répartie comme suit :
Vaches, moutons, chamois et bouquetins au sommet.
A Pont Rouge étaient les voitures, au lac du Lauzanier sont les promeneurs. Au-delà, le randonneur…
Juste à l’approche du Pas de la Cavale au détour du sentier, lorsque la vue se dégage vers le col, dans les derniers alpages, se trouvent des lieux de bivouac intéressants. Près des deux ou trois petits lacs de montagne, dans le vallon du lac de Derrière la Croix, les dernières terrasses d’herbe planes pourraient faire d’agréable lieux de bivouac avant d’aborder les éboulis du Pas.
Le sentier n’a rien de difficile ni de dangereux jusqu’au sommet. Quelques lacets dans les éboulis pour prendre un peu d’altitude au pied du rocher des Trois Evêques (2868 m) puis de manière bien visible et sans souci, il grimpe de façon presque rectiligne jusqu’au Pas de la Cavale. Là encore, le bivouac peut être tenté pour qui voudrait dormir à 2671 m. Un peu haut, un peu venté aussi, puisque un abri de fortune en pierre sèche délimite les abords du col. Le sol en pente douce, pierres et schiste ne doit pas friser le confort maximal.
La vue est toujours aussi panoramique du haut du Pas de la Cavale. Le regard porte loin, englobant tout le vallon en contrebas et les cimes et cols pointent à l’horizon, comme le col de la Colombière (2237 m) très clairement identifiable et qui sera pour le p’tit déj, demain ! Les lacs d’Agnel auprès desquels j’avais bivouaqué, le col des Fourches à droite, où il faudra tout à l’heure remonter.
Le Pas de la Cavale symbolise de plus un autre passage, symbolique, invisible, mais bien plus important. Il délimite le département des Alpes de Haute Provence (04) et celui des Alpes maritimes (06).
Ici commence le dernier des dix départements traversés depuis la lointaine Wissembourg !
Alpes maritimes = Alpes de la Méditerranée !
Mais pour l’heure il faut franchir encore le Pas de la Cavale et descendre dans le vallon par un étroit sentier contournant la falaise, en passages en corniche. A la montée, je l’avais trouvé impressionnant. Il l’est un peu aussi à la descente. Le tout est de prendre son temps, de ne surtout pas regarder en bas (impossible quand on a le vertige). Il ne faudrait pas devoir croiser quelqu’un ici, car les dépassements sont plutôt périlleux et l’espace de croisement inexistant… Une petite dizaine de minutes à savourer, exclusivement en solitaire !
Au sortir du sentier en cailloux, peu avant de tourner sur les lacs, j’aperçois un petit bouquetin sur une bosse herbeuse. Je m’approche, le suis du regard. Il s’enfuit doucement. Trois ou quatre lacets en dessous, je m’arrête pour souffler et admirer ce passage impressionnant qu’est le Pas de la Cavale… Le bouquetin a déjà presque atteint les abords du col, en grimpant à flanc sans difficulté particulière, alors que n’importe quel homme se serait rompu le cou trois fois déjà dans le même passage !
Admiration.
En descendant au fond du vallon, on se croirait marcher sur la Lune : une large rivière asséchée aux cailloux depuis longtemps blanchis par le soleil et une poignée de larges cratères assurent le décor extraterrestre. De nombreuses marmottes ramènent les pieds sur terre. Une belle cabane impossible à manquer dans ce vallon ras pourrait servir d’abri, si mon objectif n’était Bousieyas. 
Dernière grimpette de la journée, pour monter au col des Fourches (2262 m), dont la passe est protégée par de petits blockhaus disséminés. Un peu plus haut sur la crête, un fortin fantomatique veille sur l’horizon. Une fois de plus, sa visite est remise aux calendes grecques… Le panorama doit y être intéressant. Allez, promis, la prochaine fois que je passe dans les environs, je trouve la force et le courage de grimper là-haut. Promis !  
Jonction avec la route D64 (menant au col de la Bonette, 2715 m, qui est cher aux cyclistes, car le plus haut col routier français), à deux pas du Camp des Fourches, énième baraquement militaire sur l’itinéraire de randonnée. 
Une demi heure de descente pour atteindre le minuscule hameau de Bousieyas. Quelques grosses maisons en pierre, une chapelle, une cabine téléphonique et une boite aux lettres. Pour le reste, le gîte d’étape assure le ravitaillement. 18h12, il y a de la place dans le petit gîte situé au bord de la route. Rasage et douche chaude. Le gîte en lui-même est bien spartiate avec des douches et sanitaires très sommaires, dont les murs de moellons bruts mériteraient un peu de faïence. Pas de rideau de douche et on aimerait que le pommeau tienne tout seul au mur pour profiter d’une douche relaxante. Confort bien minimaliste. 10 euros la nuit, heureusement que ce n’est pas plus, ça ne les vaudrait pas…
Rien à voir avec le gîte d’étape de Larche.
Passer la nuit ici n’est pas vraiment indispensable, arrêtez-vous simplement pour prendre un verre.
Je fais ma tambouille dehors, alors que le soleil caresse les crêtes une dernière fois.
Nuit parfois bruyante et agitée au milieu de petits randonneurs qui se vantaient d’être de la capitale.
Comme quoi on ne peut pas avoir toutes les qualités : être parisiens et discrets !
Je me venge perfidement du bruit en asphyxiant le dortoir de mon odeur fétide. 46 jours de randonnée laissent des traces olfactives indéniables, même après une longue douche !
Eux le bruit et moi l’odeur. Je suis presque gagnant !
Chaleur étouffante dans le dortoir malgré les fenêtres grandes ouvertes.
Extinction des feux à 23h30 pour cause de parisiens en liberté…
 
7h45 de marche effective
 
 

Date de création : 23/05/2008 @ 14:33
Dernière modification : 23/05/2008 @ 14:38
Catégorie : ALPES - GR5
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