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PYRENEES - GR10 - JOUR 34

Jour 34 – Samedi 14 août 2004

 
Réveil 6h00 – Lever 8h15 – Départ 9h25 ! 8°C sous la tente
Pas eu bien chaud cette nuit. Même eu assez froid il faut dire, même si j’ai dormi en « pyjama ». La plupart de mes vêtements étant humides de sueur, je les ai mis dans le duvet avec moi, pour tenter de les faire un peu sécher avec la chaleur de mon corps. Un vieux truc que l’on faisait aux scouts, l’hiver. Mon duvet semble également assez humide, à l’extérieur. A 4h15, une goutte froide m’explose sur la tempe. Imaginant que d’autres vont suivre, je me resserre au milieu de la tente en un magnifique chien de fusil bien inconfortable. Mais j’ai chaud au fond du duvet que j’ai littéralement fermé, vu le peu de chaleur ambiante. Je laisse passer plusieurs « Marches turques » sans trop me soucier de l’heure, et plusieurs autres encore, si bien au chaud dans la pénombre de mon duvet de plumes. 8h15, il serait temps de se lever à présent !
Encore un petit creux ce matin, à moins que ce ne soit encore le manque d’envie de partir qui me fasse terminer le dernier morceau de quatre quart. Et n’ayant plus d’excuses ou de faux semblants, il faut bien se résigner à mettre les chaussures, sortir de la tente et plier tout ça !
A bien y réfléchir et surtout en regardant la carte, je m’aperçois que je n’ai pas tout à fait passé la nuit à l’étang bleu, mais au petit étang situé juste avant. Dans le brouillard après une nouvelle journée de fatigué, on ne fait pas toujours la différence ! D’autant que les panneaux nominatifs font souvent défaut sur le GR10. Pour débuter cette belle journée qui s’annonce ensoleillée, quoi de mieux qu’une petite marche d’approche dans des éboulis ?!!! Tout ce que j’aime : des amas monstrueux de pierres, de cailloux, de rochers au milieu desquels il faut encore jouer à cache-cache avec le balisage ou les cairns… Je progresse doucement car je ne voudrais pas y laisser une cheville. Car même « de bon matin », je suis déjà fatigué et ressens une forte lassitude musculaire. Elle se mérite aussi, cette montée à la crête de la Lhasse… Sorti des éboulis, c’est une butte herbeuse qu’il faut attaquer presque de front, en une multitude de mini lacets parfois hauts comme des marches. 10h35, le splendide panorama de la crête s’offre à moi. Au loin, brille une gigantesque mine à ciel ouvert, et en direction de l’Est, des montagnes et des montagnes en enfilade ! Petit pano. Crête sans danger, car large, herbeuse en faux plat. A la descente dans le vallon opposé, je croise quelques randonneurs, seuls ou en groupes. Un premier me dit qu’il marche sur deux jours seulement. Personne ne vient donc de Banyuls ? Ma soif d’information sur la suite du périple reste donc entière, tout comme ma soif biologique, car je n’ai plus bu depuis le thé d’hier soir. Je n’avais pas envie de faire bouillir mon eau, pour la laisser ensuite refroidir ! Et avaler ces bébêtes toutes vivantes, si infimes soient-elles, ne me disait rien de bon non plus. Alors je commence légitimement à être tiraillé par ce besoin vital qui est de boire. Un instant, je me suis revu au Pays Basque, tirant la langue et marchant des heures sans ouvrir la bouche, pour ne pas accentuer la sensation de sécheresse buccale…
Une demi heure après la crête, le sentier longe un petit ruisseau qui alimente, plus bas, l’étang de Comte. J’ingurgite tranquillement mon 1,5 litre « réglementaire » et mets de côté la bouteille de 50 Cl, car comme on dit : il faut garder une poire pour la soif !
Un autre groupe de randonneurs passe, que je me contente simplement de saluer. Pas envie de demander pour la énième fois s’ils font le GR10 et de m’entendre répondre : « Non, on se balade 3-4 jours seulement. » En descendant un peu plus, la vue est presque plongeante sur l’étang de Comte. Trois autres randonneurs montent, chargés comme des bourriques. Deux garçons, une fille. Un italien et un couple d’espagnols. Je demande d’où ils viennent, où ils vont.
ENFIN, pour la première fois depuis 34 jours j’entends prononcé le doux mot magique de Banyuls !...
Ils viennent de Banyuls en 12 jours, seulement ! L’espagnol les accompagne encore un peu jusqu’à Bagnères de Luchon, s’il peut. Les italiens veulent aller jusqu’à Hendaye ! Echange d’informations diverses. On me dit qu’il y a de l’eau partout maintenant. J’espère. Je parle des vautours du pays basque, du lac d’Oô et de la réserve de Néouvielle et leur conseille de faire halte au gîte d’Aulus. Nous ne parlons qu’un quart d’heure au plus, mais c’est comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Cette rencontre m’a redonné un peu de moral et de baume au cœur. 12 jours pour Banyuls. Espérons que je mette moins. 10 jours au maximum, que je puisse compter sur mes doigts plus facilement !!!
Descente en sous-bois avec un passage sur une voie faussement pavée, peu agréable avec la fatigue. Sortie de la forêt et arrivée à Mérens sans transition est plutôt brutale : la route coupe le village en deux et le trafic est presque aussi dense qu’un week-end de Pentecôte ! Voitures, cars, camions, motos, de toutes régions sillonnent ce bout de Pyrénées. Cette vision de Mérens me fait penser au village de Larche, dans les Alpes.
Même situation géographique frontalière et même trafic routier désolant. Le temps de reprendre le souffle le long de la route et c’est près de quarante voitures qui défilent vers Andorre. Je me rends ensuite au gîte d’étape situé à Mérens le haut. J’avais l’intention d’y boire quelque chose de frais, commençant par Oran et finissant par Gina, mais il n’y a personne au gîte, hormis une femme qui lit à l’intérieur, au frais. Je mets recharger mon téléphone, c’est toujours ça de fait. Je reste ainsi deux heures devant le gîte, à attendre mais surtout à me reposer sur un banc et à laisser passer la chaleur de l’après-midi, car il fait 28°C à mon ombre !
Me voyant remplir ma gourde et préparer mes affaires pour partir, la femme se met à parler. Elle est chauffeur de car, à Toulouse. L’année dernière, elle a conduit un groupe de randonneurs (style CAF) qui faisait aussi la traversée des Pyrénées, mais en se relayant tous les 15 jours, si j’ai bien compris. Me demande ce qui est le plus dur, etc.
Je dirai bien que la montée vers Préssassé est difficile, pour répondre au chauffeur de car… 800 mètres de dénivelé, en sous-bois pour commencer, puis à « l’air libre ». Malgré l’heure avancée de l’après-midi, le soleil cogne encore. Sentier au milieu des rochers, des framboisiers et autres plants d’airelles. Enfin seulement, en vue de Pressassé, le terrain devient plat, accueillant pour ma tente, avec un petit ruisseau juste à côté, gazouillant et accessible. Une famille nombreuse est venue manifestement se rafraîchir et arrivant sans crier gare, je vois le père, les fesses à l’air remettre précipitamment son slip ! Une vision plus féminine des choses m’aurait plus charmé !
Je plante la tente au milieu des moustiques et m’allonge bien vite, avant de passer à table, car en définitive je n’ai dans l’estomac aujourd’hui que le reste de quatre quart de ce matin et la tablette de chocolat à 14h00, devant la poste de Mérens.
Au menu ce soir, le chef vous propose pour changer :
-          pâtes sur son lit de soupe de persil
-          1/2 sachet de purée
-          quelques biscuits pour chien
-          2/3 de tablette de chocolat
-          1 double thé bien sucré
A une certaine heure critique de l’après-midi, heure qui bizarrement tombe un peu plus tôt chaque jour, à une certaine heure, lorsque les pieds se mettent à traîner sur le sol, à butter sur la moindre aspérité de terrain, alors que la force s’est depuis longtemps estompée, que l’envie s’en est allée, seule subsiste la volonté.
Volonté d’aller au bout, d’atteindre le lieu de bivouac que l’on s’est fixé la veille. Seule la volonté permet d’avancer encore un peu.
La volonté et le désir grandissant d’arriver au bout, d’en finir.
Demain matin, s’il fait beau et pas trop froid, je me laisserai bien aller à une petite toilette. Pour au moins me raser, car un simple rasage de près me donne l’impression dérisoire et superbe d’être propre, d’être présentable aux yeux des autres. Je pus certes, mais que je sois au moins rasé !
 
Ca me dirait bien demain d’aller au moins jusqu’au lac des Bouillouses…
 
Couché à 22h30 – 12°C sous la tente, à 1832 m.
 
 
6h03 de marche effective
 
 
 

Date de création : 22/08/2008 @ 08:29
Dernière modification : 22/08/2008 @ 08:31
Catégorie : PYRENEES - GR10
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