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PYRENEES - GR10 - JOUR 42

Jour 42 – Dimanche 22 août 2004

 
Réveil 6h30 – Lever 7h30 – Départ du col de l’Ouillat à 8h40 – 12°C dehors.
Un peu de vent ce matin et des nuages qui voilent le ciel. Je souhaite que cela se lève un peu, car c’est aujourd’hui ou jamais pour voir la mer et savourer cet instant fragile où l’on comprend que la route touche à sa fin.
Une fois mes affaires rangées et la tente pliée avec un peu de difficulté avec le vent contraire, je retourne à la fontaine des douaniers, pour quelques photos. C’est plus intéressant quand on connaît la signification des gravures !
Cheminement en sous-bois assez montant, jusqu’au col des Trois Termes, où l’on débouche sur une large croupe herbeuse. Marche à vue ou presque en direction de l’immense relais, le long d’une clôture. Il y a une centaines de mètres de dénivelé entre les deux et malgré ça (qu’une centaine de mètres), plus on monte et plus la vue porte loin, jusqu’à la mer qui ne se cache plus, dans le Nord-Est, Perpignan et le littoral.

La voilà donc enfin cette mer tant recherchée, tant attendue

et pour laquelle j’ai fait tant de kilomètres et de sacrifices !

Derrière, on distingue la chaîne de montagnes qu’il m’a fallut franchir depuis 3 ou 4 jours, jusqu’au Canigou déjà si loin !
Photos et panoramique malgré une ligne de brume. Trois messieurs en promenade viennent s’asseoir au pied de la stèle et contempler le paysage. Ils habitent tout en bas dans la plaine. L’un d’eux voit sa maison ! Je dis : « Je ne vois pas ma maison, moi ! »
- Ca va bientôt venir, patience !
Je dis que je viens d’Hendaye à pieds, après avoir parlé du Canigou, des Cortalets, on me demande en combien de temps.
-          A votre avis ?
-          2 mois.
-          3 semaines, dit un autre.
-          1 mois et demi, essaye le dernier.
C’est le monsieur à ma gauche qui a trouvé : 42 jours, pas tout à fait un mois et demi.
L’un d’entre eux aimerait bien faire la traversée, quand il sera à la retraite, mais pas seul, avec un groupe d’amis où il y aurait des femmes. Pour pas marcher trop vite se sent-il obliger de préciser ! Bon courage alors ! Du relais de télécommunication de Pic Neulos (1256 m), jusqu’à la fontaine puis la cabane de la Tagnarède, itinéraire bien balisé, facile et rapide. Apres la cabane, quelques traces de balisages, marques et autres cairns subsistent bien, mais en des places et lieux de plus en plus distants à tel point qu’on marche souvent à l’aveuglette, à chercher de tous côtés le sigle bicolore ou un tas de cailloux réconfortant. Tant qu’on est en forêt tout se passe malgré tout assez bien, avec l’aide de la boussole tout de même.
Un tube de vitamines sur le chemin. Je donne un coup de bâton dedans, pour l’éloigner et ne pas marcher dessus. Un bruit sourd, le tube n’est pas vide. Je fais demi tour, me précipite, ramasse, ouvre et découvre 4 comprimés vitaminés sans doute tombés d’un sac à dos. Ni une ni deux, j’avale tout ça, en guise de complément à mon petit déj, constitué ce matin de ma dernière tablette de chocolat.
En croquant le dernier comprimé, je regarde tout de même la date de péremption, sait-on jamais : Septembre 2005. C’est bien d’avoir trouvé ces petites vitamines. Au sortir de la forêt, on pénètre dans un univers sans repère : pas de panneaux, peu de balisage et de minuscules cairns éparses, semblables à des bonsaïs de pierre ! Une prairie rase où le sentier finit par se perdre. D’autres plus loin, dans des directions variées. Il faut quelques minutes de recherche en « Z » pour trouver un lointain balisage isolé. Par temps de brouillard, bon courage à tous, ici !!!
Le sentier franchit successivement 3 ou 4 mini cols d’où on aperçoit la mer, sur la gauche. Marchant sur une crête frontière, à droite c’est l’Espagne. A l’approche du Pic des Prodets (pas mentionné par un panneau non plus), le sentier oblique en une belle épingle à cheveux, à tel point qu’entre le peu de balisage, la fatigue et le parcours en fait « tournant », il me semble faire demi tour ou partir littéralement sur l’Espagne. Il me faut regarder plusieurs fois la boussole pour enfin tenter de me convaincre que je marche toujours plein Est et que je file toujours sur Banyuls ! Le doute m’a tout de même titillé durant un quart d’heure. Et en un quart d’heure, on en fait du chemin tout de même, un kilomètre et demi environ, à ce moment là. Quelques petits troupeaux de vaches maigres à la morphologie indienne égrainent les kilomètres. Les heures passent entre la marche sur sentier à flanc le long de la crête frontière, la recherche de maigres indices de direction lors des nombreuses périodes de doute et les pierres qui commencent à rouler sous les pieds à force de fatigue accumulée durant tous ces jours… Beau temps, du soleil, un peu de vent.
Plus j’avance et plus le littoral se détache, sur ma gauche. Devant, face à moi, c’est encore une colline à franchir, un vallon herbeux à traverser. Du pic Neulos au Pic de Sailfort, soit près de 3h30, je marche principalement à la boussole, et avec l’aide de rares poteaux à raz de terre disséminés avec une parcimonie bien peu altruiste !
J’ai faim, je suis fatigué, il faut que je m’arrête pour manger un bout, enfin quelque chose. A ce col-ci (Pic de Sailfort), on distingue enfin la mer devant soi. Jusque là, elle était à gauche, vers Perpignan et à droite en Espagne. Là enfin, on se rend compte que la mer est proche, que la terre touche à sa fin.
Devant nous enfin, blottie autour de sa « crique », de petites maisons blanches aux toits de tuile, 900 mètres plus bas : BANYULS.
Un randonneur me renseigne : On est bien au pic de Sailfort et c’est bien Banyuls en bas ! On distingue le sillage des bateaux. Avant son arrivée, je me suis mangé un gros fond de semoule, à l’eau froide et sans sucre. Bon appétit ! Ca cale un peu, un temps et puis c’est tout. Je n’ai plus que cela à manger « instantanément » alors je m’en contente. J’allais partir lorsque le « randonneur Tournesol », que je supposais loin derrière et n’imaginais plus revoir, arrive. On discute une demi heure, de la traversée, comme deux vétérans que nous sommes devenus ! Il s’appelle Philippe, habite Strasbourg et est professeur à l’Université. Avec sa femme il a fait le tour de l’Oisans, il y a plusieurs années. Il garde un mauvais souvenir du col de l’Aup Martin, et me dit qu’il a terminé de monter le col de la Muzelle à quater pattes ! Je connais bien, car je l’ai fait aussi et que c’est un peu chez moi.
On se prend en photo, échange d’e-mails et il s’en va. Je le suis à distance, bien plus lentement car je ne suis pas pressé du tout. Un couple de randonneurs lourdement chargé, comme il se doit, monte sur le sentier de pierres, peu agréable. Mentalement je leur souhaite bonne chance et bon courage, car où qu’ils aillent, j’en viens, j’y suis passé et sais ce qui les attend. La descente du Pic de Sailfort est bien balisée, enfin ! De minis cols sans intérêt s’enchaînent jusqu’à atteindre le col des Gascons (386 m). Depuis la préparation de cette traversée des Pyrénées, je voulais passer ma dernière nuit au col des Gascons, pour avoir la chance et l’opportunité de voir le soleil se lever sur la mer et sur Banyuls, avant d’y aller m’y baigner. Cinglante déception que ce col qui n’en a que le nom, juste une espèce de parking où commence la route bitumée…
Un nouveau petit creux et un besoin de repos me conduisent à l’ombre des bâtiments du ball-trap. Encore un peu de semoule nature, à l’eau froide. Un régal ! L’endroit n’est pas extraordinaire pour passer la nuit, et il y a peu de vue sur la mer. De plus, je suis presque à cours d’eau. Je descends jusqu’à la providentielle « fontaine des chasseurs » située en contrebas de la route goudronnée, rempli 4,5 litres et fais une mini pause à la table d’orientation qui n’en vaut vraiment pas la peine.
Le sentier descend dans les vignes, sur les derniers coteaux avant Banyuls maintenant si proche. 18h30. Je plante ma tente au bord d’un chemin en gravier et m’installe pour la nuit. Un pano aux derniers rayons du soleil. De mon bivouac, je vois distinctement la ville et j’entends aussi nettement ses rumeurs, son petit vacarme : le clocher de l’église, la voie enregistrée de la gare annonçant le départ du train : « Attention à la fermeture automatique des portes… » Il semblerait que ce soit fête ce soir à Banyuls, car il y a de la musique. En tendant un peu l’oreille, je reconnais : La Bamba, Claude François, Macumba, de Jean-Pierre Mader, etc.
Repas du soir :
-          Dernière soupe de légumes dans laquelle je tente de faire cuire une poignée de pâtes restante. Elle sont super al dente !
-          1 sachet de purée entier, fait en deux fois. Pour 4 personnes tout de même.
-          1 triple thé sans sucre.
Je mangerai mieux demain c’est sûr, car en sortant de table, j’ai déjà faim !!!
 
Cette journée aura été celle des derniers TOUT :
-          dernière longue journée de marche
-          dernières montées
-          derniers cols
-          derniers 1000 mètres d’altitude
-          dernière nuit sous la tente
-          dernière journée de crasse
-          dernière journée de solitude et d’isolement
-          dernière journée d’efforts intenses
-          dernières forces aussi !
 
Couché à 23h00. Nu dans mon duvet, car l’altitude faible autorise une bonne température ambiante :
20°C encore à cette heure là, sous tente.
  
7h10 de marche effective
 

 


Date de création : 24/08/2008 @ 09:40
Dernière modification : 24/08/2008 @ 09:40
Catégorie : PYRENEES - GR10
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