Texte à méditer :  Soyez à vous-même votre propre flambeau.   BOUDDHA
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PYRENEES - GR10 - JOUR 02
Jour 2 – Mardi 13 juillet 2004
 
Une petite averse hier soir et la tente est trempée. Quelques gouttes rebondissent rageusement sur mon frêle duvet. Temps couvert, nuageux. Couleurs rougeâtres sur la mer. Comme on dit chez moi : « rouge le matin… » Espérons qu’il n’en sera rien. 
Descente en douceur sur le hameau d’Olhette, sur un large sentier de terre alors que les premiers rayons du soleil s’extirpent des ultimes collines. Le soleil est là, présent. Un randonneur immobile, sac sur le dos et long bâton de bois lui fait face, les paumes ouvertes vers le ciel. Il semble un prêtre Inca rendant grâce à l’astre déifié de réaliser le miracle d’un nouveau cycle répété. C’est tellement magique de voir le soleil se lever, dit-il. Je souscris sans ombrage. En vingt-cinq minutes, j’arrive au village où un grand père mène ses ânes au pré. Il n’est que 7h25 et le vieil homme qui semble surpris de me voir si tôt s’exclame : « Y’en a qui sont bien matinal ! ». Je tente de glaner quelques précieux renseignements météo : « Comme ci, comme ça ». Me voilà diablement bien avancé !
Quelques pas de plus m’amènent devant le gîte d’étape d’Olhette où j’aperçois la petite randonneuse d’hier, assise par terre dans l’herbe, songeuse et pas tout à fait éveillée, ni même forcément réveillée.
Des joggeurs encore m’accompagnent dans la montée vers le col des Trois Fontaines (563 m), d’où on voit toujours l’océan. J’admire respectueusement ces personnes qui partent courir de si bonne heure avec un équipement bien sommaire.
Je suis bien plus équipé et lourdement chargé, avec un sac à dos de 45 litres dans lequel le précieux et l’indispensable se sont donnés rendez-vous au détriment du poids et du superflu. J’emporte donc :
 
Randonnée :
 
-          1 sac à dos de 45 litres
-          1 tente deux places (2,240 Kg)
-          1 bâche plastique (2x3 m)
-          1 sarcophage en plume (0,800 Kg)
-          1 antique matelas mousse de 0,5 mm d’épaisseur, avec sa housse, que j’ai traîné partout : Tour de l’Oisans, traversée des Alpes
et maintenant dans les Pyrénées. Il mériterait de finir au musée.
-          1 gourde souple de 3 litres, avec pipette (135 Gr)
-          2 bâtons télescopiques
-          1 mini boussole avec thermomètre
-          1 lacet de rechange ( !!!)
-          1 K-way
-          1 housse de protection imperméable pour le sac à dos
-          1 petite lampe frontale à deux leds (30 Gr) + piles de rechange
-          1 mini lampe torche (25 Gr) + piles de rechange
-          1 sifflet (12 Gr)
 
Cuisine :
 
-          1 réchaud à gaz avec kit d’allumage auto et ses
-          2 gamelles emboîtables (371 Gr) 
-          1 cartouche de gaz CV230 (360 Gr)
-          1 cuillère et 1 couteau, pliants répartis sur le même manche (≈ 45 Gr)
-          1 poignée
-          1 grattoir
 
Alimentation :
 
-          10 sachets de soupe
-          9 bolino au hachis Parmentier
-          10 tablettes de chocolat (10x100 Gr)
-          500 Gr de semoule
-          4 sachets de purée (4x125 Gr)
-          2 sachets de muesli (2x500 Gr)
-          1 sachet de blé (100 gr)
-          20 sachets individuels de sucre (20x6 Gr)
-          des sachets de thé
-          etc.
 
Les emballages cartons ou plastiques ont été supprimés. Un sachet de congélation rassemble les rations individuelles de bolino, séparées par des élastiques. L’alimentation de base est transportée dans deux boites plastiques transparentes accueillant à l’origine des biscuits apéritif (10x10x18 cm). Une troisième boite identique, protége les chargeurs de batterie, cartes mémoire, batteries de rechange et câbles divers d’un choc, de l’humidité ou pire, de la pluie.   
 
Vêtements :
 
-          3 paires de chaussettes
-          3 tee-shirts anti-bactériens sensés éliminer plus vite la transpiration
-          3 slips
-          1 bermuda de rechange  
-          1 bas de survêtement pour la nuit
-          1 polaire pour le froid
-          1 autre polaire à col roulé pour la nuit
-          1 bonnet
-          1 casquette 
-          1 chapeau
-          1 paire de gants
-          1 chèche
-          1 bandeau
 
Pharmacie :
 
-          De l’aspirine
-          Des vitamines
-          1 gros stock de pansements, de toutes dimensions et de préférence des gros
-          1 mini couteau suisse avec ciseaux et pince à épiler
-          1 petit tube de Biafine
-          1 petit tube pour les lèvres    
 
Toilette :
 
-          1 savon de 100 Gr
-          1 petite serviette éponge (30 x 30 cm)
-          1 rasoir
-          1 brosse à dents, amputée de la moitié de son manche, pour me donner l’illusion d’alléger mon sac !
-          1 tube de dentifrice
-          1 brosse pliante avec miroir dans le manche (45 Gr)
 
Photo :
 
-          1 appareil photo numérique dans sa sacoche
-          2 batteries de rechange
-          1 chargeur de batterie
-          1 câble de connexion USB
-          1 pied photographique (1,200 Kg) et sa housse
 
Divers :
 
-          1 tube de crème solaire (200 Gr)
-          1 bougie, avec 1 briquet et 1 feuille de papier alimentaire (paraffiné)
-          1 carnet de notes
-          2 stylos
-          1 téléphone portable (70 Gr) + chargeur
-          1 carte de téléphone, utile lorsqu’il n’y a pas de réseau
-          1 rouleau de PQ
-          1 mouchoir
-          1 bouteille en plastique de 50 Cl    
 
Et surtout :
 
-          24 feuilles A4, reproduisant recto verso, les cartes IGN scannées ainsi que les commentaires du topo guide que j’avais préalablement recopiés et mis patiemment en forme sur PC. Avec les graphiques et courbes de niveau appropriés refaits au propre.
Tout le GR10, cartes et infos tient sur presque rien. Je traverse une page par jour. Aussitôt inutiles, je pourrai brûler ou jeter ces pages, allégeant ainsi mon sac. Sans cela, il faut transporter les quatre topos guides en question, pour un poids mort de 710 grammes. C’est ce que j’avais vaillamment fait en traversant les Alpes, à l’automne 2003. Quatre topos guides dans le sac, comme s’il n’était pas assez surchargé comme ça. On apprend de ses propres erreurs !
 
Accessoirement :
 
-          une bonne dose de volonté et d’opiniâtreté
-          un soupçon d’inconscience nécessaire
-          quelques kilos volontairement en trop
 
Et surtout pas de :
 
-          GPS
-          Curvimètre
-          Altimètre
-          Porte cartes
-          Cartes IGN en couleur et précises  
-          Radio
-          Couverture de survie
-          Couteau de survie ( !!!)
-          Ouvre-boîtes  
 
Le sac à dos au complet pèse 21 kilos, sans eau.
C’est beaucoup dit comme ça, mais l’immense majorité de ces petites choses que j’emporte me seront utiles.
Il faut également replacer le poids par rapport au nombre de jours de randonnée. Là, ça ne fait plus que deux kilos par jour, soit bien moins que ce que trimbale un écolier français ! 
Sur les 21 kilos, il y a 23 % de nourriture. La tente, le sac à dos et le duvet constituent encore 23 %. Près de 10 % du poids du sac est constitué par le matériel photo, car il est pour moi inconcevable de partir en montagne sans en rapporter des vues, des panoramiques, d’où l’usage du pied. J’en connais un qui part trois semaines à Cuba pour ne faire que 24 photos (Clin d’œil amusé à Smaël !)
Moi, je mitraille !  
 
Du col des Trois Fontaines (563 m), l’océan est donc toujours présent. Point d’eau évidemment au col, ce serait bien trop simple, trop évident ! Une veine d’eau suinte chétivement avant d’aller se perdre dans une tourbière cerclée de joncs où subsistent figés dans la boue asséchée les piétinements des chevaux alentours. 
Il me tarde de voir l’océan s’estomper définitivement dans le lointain des collines, car de fait, je me sentirai enfin en montagne, enfin en marche avec à l’autre bout de l’immensité de la chaîne pyrénéenne : la Méditerranée, si loin encore. Aussi longtemps que l’horizon liquide pointe le bout de ses vagues au détour d’un col, je ne me sens pas encore pleinement happé, ayant toujours la possibilité de faire demi-tour, d’abandonner. Une fois dans les montagnes jusqu’au cou, la seule issue acceptable et la marche plein Est.
A deux pas, la petite voie de chemin de fer à crémaillère montant à l’assaut du cône de la Rhune, surplombé de son colossal relais rouge et blanc, tel un phare isolé de verdure pointant du doigt le ciel menaçant, serpente en des lacets généreux. 1h30 de descente en coteaux, champs en terrasse, bois et prairie, pour gagner le charmant village de Sare, quand soudain la nature cesse de battre, se terrant en un silence de mort. Une brise monte du fond de la vallée apporte son souffle ardent et tout se fige à son contact. Plus un oiseau ne piaille, plus de bêlement, la vie semble suspendue. Un grondement sourd, puisant et croisant s’impose en maître. Serait-ce le territoire de l’ours ? Non, pas encore. Et pourtant c’est bien un monstre brun qui vient au devant de moi exhalant son râle plaintif, mécanique. Brun, disons plutôt marron avec des flopés de bras gesticulant des orifices béants. Passe au dessus de moi le petit train pittoresque de la Rhune, avec son cortège de touristes.
 
Le petit village de Sare, aux ruelles typiques et maisons traditionnelles dégage un cachet certain. Côté température : 18°C à 10h20, peut mieux faire ! Si le village est charmant, le balisage y est lui inexistant à la sortie. Je perds ainsi plus d’une heure pour retrouver les traces du Petit Poucet randonneur. Ce n’est pas le tout d’aller badigeonner le relais de la Rhune en imposants tronçons rouges et blancs, visibles à des kilomètres à la ronde. Encore faut-il être apte au marquage pédestre. Au fil de ma divagation hésitante aux quatre coins de Sare, j’émets quelques hypothèses « plausibles » quant à la pénurie de balisage :
-          les bénévoles de la FFRP attachés au secteur et à son balisage sont sans doute morts.
-          Ou trop âgés pour continuer d’entretenir le marquage vieillissant et trop rare.
-          Le prix de la peinture au pays basque a atteint de telles proportions (le rouge et le blanc sont les couleurs principales des maisons ici !) qu’elle est devenue un produit de luxe et on ne s’en sert qu’en d’exceptionnelles occasions. 
Si le village manque cruellement de signalétique colorée, ces habitants compensent en affabilité.
Au camping situé à la sortie du village, dans la mauvaise direction évidemment, je n’ai pas le temps de finir ma phrase que déjà un sourire perce sur le visage jovial du patron :
-          Vous cherchez le GR10, c’est bien ça ?! Pas plus tard qu’hier matin j’ai renseigné un autre randonneur perdu, comme vous. C’est de l’autre côté le sentier. Il faudra leur dire à ceux du balisage, ou à Paris, de mieux faire leur travail.
Je n’invente rien !
 
De Sare à Ainhoa (3h40), le sentier ne présente aucun intérêt, sillonne entre collines, résidences secondaires et chemins poussiéreux. Il ne s’agit là que d’une bien morne étape de liaison à travers la campagne, souvent sur le goudron ou des chemins de terre envahis de gravier où la semelle se voit ralentie. Peu de marquage, aucun panneau indicateur, peu ou pas d’eau. Grosse moitié sans aucune couverture végétale. Aucun atout, si ce n’est un faible dénivelé. Etape sans trop de charme, inutile, si on ne fait pas le GR10 ! 
En conséquence l’arrivée à Ainhoa, qui donne toute l’apparence d’un paisible village pour touristes, avec ses cartes postales bien rangées et sa rue principale proprette et mignonne à souhait est reçue comme une bénédiction. Cette rue principale qui porte le totem routier de D20 est envahie par un trafic abondant, des voitures et des voitures de touristes. L’une d’entre elles immatriculée dans les Landes,  ralentit à peine à ma hauteur, la vitre se baisse et les deux femmes, tout en roulant, demandent un renseignement : « Où se trouve… ». Pas très envie d’entendre la suite, car je suis déjà mal à l’aise au milieu du bruit, des voitures et des gaz d’échappements oppressants. Je crie dans le brouhaha des mécaniques : « je suis pas d’ici ! ».
Il ne faut pas être très futé, pour supposer qu’un olibrius doté d’une forte excroissance dorsale, marchant à vive allure avec des bâtons est un quidam autochtone ? 
La cabine téléphonique se situe face à l’église au clocher octogonal, dans la ruelle marquée du sceau bicolore, à l’angle de la mairie qui arbore équitablement drapeaux français, basque et européen.
 
En ce milieu d’après-midi ensoleillé, la montée à la chapelle de l’Aubépine est un calvaire (389 m), que dis-je, un véritable chemin de croix, sous un trépidant cagnard doublé d’un appréciable dénivelé de deux cent soixante dix mètres, sur une côte avoisinant les 10 %. La position dominante de la chapelle offre à qui sait l’apprécier un somptueux panorama sur Ainhoa et la vallée verdoyante qui s’étend à ses pieds. Le petit plateau herbeux où des troupeaux parcellaires du célèbre petit cheval (pas blanc – car seul Henri IV avait un cheval blanc !!!) des Pyrénées : le pottock s’éparpillent, prête à la réflexion et au détachement. Au repos éternel de l’âme aussi, puisque un ensemble harmonieux de vingt quatre croix de pierre aux motifs variés, géométriques ou animaliers d’inspiration basque mais rappelant également la culture celte semble déverser sur les collines environnantes un torrent invisible de sérénité perpétuelle.
Derrière, un calvaire d’une rare beauté : le Christ sanguinolent, magnifique, fixe désespérément le ciel tandis que ces compagnons de martyr ficelés sans plus d’aménité en des positions acrobatiques offrent des visages de souffrance et d’effroi. Des vaches lymphatiques, couchées sur l’herbe rase, mâchoires ouvertes, ruminent sans doute au triste destin de l’homme.
 
Je contourne tranquillement la colline jusqu’au col des Trois Croix (510 m), sur un sentier large et bien balisé, à travers les fougères. Un randonneur natif du pays et à l’accent enchanteur m’indique où passer la nuit, à une demi heure de là, au point le plus bas avant le col Zuccuta. Une cabane de chasseurs, en partie ouverte, avec eau, évier, table, etc. Je lui dis venir « d’un peu avant Olhette ». « Ola » est sa seule réponse. Admiratif ou circonspect ? La météo sera bonne jusqu’à jeudi parait-il, avec une chaleur augmentant jusqu’à 31°C. Nous verrons bien. J’accélère le pas pour gagner ce havre tant vanté et chemin faisant je me livre à des calculs de probabilité qui ont pour but d’essayer d’imaginer combien d’ampoules ont patiemment mûri sous chacun des pieds ! 4 pour le pied droit et 5 pour le gauche ? Un lièvre à l’arrêt bondit devant moi et va se perdre dans la fougère. 18h35. Le soleil se fait moins fougueux, la luminosité exquise.
Cette cabane de chasseurs, « Laineko Borda », est une solide bâtisse en pierre avec eau courante.
La partie ouverte donne accès au robinet, sous le regard figé pour l’éternité d’une tête de sanglier blafarde, trophée empaillé de vanité déplacée.
J’étale au soleil l’intégralité de ce que contient mon sac à dos, car les vêtements de rechange humidifiés ont légitimement besoin de goûter aux derniers rayons du soleil encore chaud. La tente restée mouillée de cette nuit sèche sur pied, plantée sur un sol constitué de terre gazonnée qui s’avère un bonheur pour les sardines. 
Après les avoir minutieusement et doucement savonnés avec jubilation, les pieds abîmés dévoilent inexorablement l’étendue des blessures qu’ils ont endurées tout le jour en silence. Car il n’est pas de coutume qu’un pied se plaigne, parle ou même crie. M’ouais, ce n’est pas génial avec 7 ampoules à droite (dont 2 grosses) et 5 ampoules à gauche (dont 2 grosses aussi).
Petite lessive où se trempent rapidement un tee-shirt et une paire de chaussettes actifs depuis deux jours. L’eau est là, présente alors pourquoi se priver du bonheur ineffable de faire patauger les mains dedans. D’autant qu’en pays basque, l’eau est aussi rare que le bois en arctique. Si en plus cela me donne l’impression qu’ils sont vaguement moins crasseux et sentent au moins le propre, je me sentirai mieux. Enfin, vu l’odeur que je commence à dégager, c’est bien relatif !
Pour tout repas revigorent à l’issue de cette longue journée de 9h15 de marche effective, j’ingurgite sans autre forme de procès trois vitamines, une grosse gamelle de semoule et du Muesli en dessert. Régime drastique dont il va bien falloir me contenter au maximum, car hélas « bonne sustentation » rime avec « sac à dos en plomb » !
 
Allongé au fond de mon duvet, je goutte un repos bien mérité, le dos à plat, le dos sur ce sol tendre et bienfaiteur, après avoir fait sauté pas mal d’ampoules aux ciseaux. Concernant le traitement des ampoules, plusieurs écoles s’opposent. Certains prônent de percer avec un fil et une aiguille préalablement passée par le fil purificateur de la flamme. D’autres ayatollahs de remède miracle incitent à ne rien faire, le temps se suffisant à lui-même. Personnellement j’ai toujours opté pour la méthode d’incision, pratiquant une double coupure franche sur les bords opposés de l’ampoule, la vidant ainsi définitivement de toute sérosité. Quelques secondes durant, la chair est au contact direct de l’air et provoque un fort picotement qu’il est conseillé de réduire en couvrant avec un linge, une serviette mouillée. Laisser sécher le plus longtemps possible à l’air, sans couvrir. Au matin, poser un pansement bien englobant à large bande de gaze. Au bout de trois jours, l’ampoule est sèche et une autre peau se reforme. Couper l’ancienne peau devenue inutile. Votre pied est de nouveau apte à un usage effréné où il sera plus résistant et valeureux !
Conseil d’utilisation : avec ou sans ampoules, laver fréquemment !
 
Tout au long de la nuit, des chevaux viennent brouter autour de la tente et si près que j’entends le bruit de la mastication et le gargouillis des estomacs. Des sangliers aussi sans doute, car la terre est retournée autour de la tente.
 
 

Date de création : 24/11/2007 @ 12:06
Dernière modification : 12/03/2008 @ 18:43
Catégorie : PYRENEES - GR10
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