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ALPES - GR5 - JOUR 07
7e jour – 23 juin 2005
 
De la table d’orientation du Schneeberg, la vue porte à quelques malheureux jets de pierre, jusqu’aux extrémités de ce petit plateau de lapiaz cerné de vernes parfois opaques qui mériteraient volontiers d’être arasées. A travers des trous de feuillages malaisés, s’étendent d’autres collines boisées d’altitude similaire et dans le Sud, à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau une vaste prairie où luit une haute masse triangulaire attire irrésistiblement l’œil. La table en elle-même n’est qu’un modeste plot en béton surmonté d’une plaque métallique uniforme où s’égrainent quelques noms de proches localités pas même visibles. Mise à part ce mystérieux triangle lointain, on peut facilement se dispenser de la grimpette au sommet du Schneeberg car réellement rien ici n’est transcendant.
 

 
La descente sur la cabane forestière de Nideck oblige à perdre la totalité du dénivelé péniblement gagné pas à pas la veille. L’eau de la fontaine à l’aspect douteux et mousseux immanquablement donne plus envie de s’approvisionner dans la lilliputienne piscine hors sol chauffée aux panneaux solaires.
Du haut des ruines du château de Nideck atteintes par des marches abruptes, il est possible de se faire une idée fort appréciable de ce qu’était la vue ici, lors de la construction au XIIIe siècle. Rien n’a dû trop changer. Décor de forêts denses sur fond de ciel bleu où l’on imagine volontiers des chasses aux chevreuils ou des battues aux sangliers. Les meutes de chiens ont été remisées par les siècles car l’atmosphère est paisible, silencieuse.  
 

 
En descendant dans les gorges où règne par nature une onctueuse fraîcheur, des cris comme en écho se répercutent dans le sous-bois. Des militaires de Phalsbourg en formation dégringolent la cascade en rappel et s’en donnent visiblement à cœur joie, malgré les basquets lisses qui les font souvent se gaufrer contre la paroi délicatement glissante. Occasion impromptue de discuter avec un jeune capitaine surveillant de loin les efforts aquatiques de ces coreligionnaires. Natif de Chambéry, c’est presque en voisin que nous échangeons expériences et passion de la montagne, des Alpes aux Pyrénées tandis qu’une petite musaraigne pas le moins du monde effarouchée nous passe entre les jambes. Elle va et vient lentement de l’un à l’autre, s’arrête. Elle hume l’air et semble prêter l’oreille à la litanie de nos randos puis disparaît sous le feuillage sans plus d’empressement.    
Arrivé sur la route, comme pris d’une subite pulsion d’imbécillité, je retombe dans mes vieux démons de ne pouvoir me passer de me planter de chemin !
Deux jours sans me perdre, c’est trop demander. Je suis vite en manque, c’est plus fort que moi !
Comme une buse que je suis en ces moments là, j’ai voulu prendre un raccourci, sortir du GR pour suivre un balisage de triangles jaunes sensés me faire gagner un temps précieux. Moralité : dénivelé et distance importants en forêt, évidemment en direction opposée obligent à entériner un demi-tour stratégique pour me retrouver à cinq cent mètres seulement de la route quittée une heure auparavant…
.
J’opère un repli tactique au camping de Luttenbach qui fait également office de club vosgien. 
Devant l’Orangina glacé apporté par le patron, un gros type un peu rustre et peu bavard, je fais le point sur la situation lorsqu’un habitué du camping vient s’asseoir à la table d’à côté. Bronzé et le corps tout ruisselant d’eau, ce « pépé nageur » aux allures pagnolesques vient se régaler d’un pastis et proposer quelque appréciable conversation. Conscient de mes efforts il m’offre une autre boisson pulpée en guise d’au revoir. J’apprécie le geste.
Le GR oblige à décrire un large détour en forme de fer à cheval, passant par les localités d’Oberhaslach et d’Urmatt avant de rejoindre l’ancienne maison forestière de Kappelbronn.
Pas adepte des détours, contours et parcours rallongés à outrance sans but particulier, je décide de me laisser tenter par un raccourci à travers la forêt, pas suffisamment encore échaudé par la mésaventure précédente.
Les deux premières maisons forestières, monumentaux cailloux pour Petit Poucet égarés, sont atteintes sans difficulté. Au-delà et durant plus de deux heures, c’est le trou noir ! Montant ici, descendant là, je parcours en tous sens de nombreux sentiers, chemins ou pistes forestières multidirectionnels non balisés jusqu’à aboutir au lieu-dit « la grotte du loup » qui par une concomitance peu surprenante ne figure pas sur la carte. De loup point de queue, mais en remontant le GR enfin retrouvé, je surprends deux chevreuils qui buvaient dans le ruisseau, protégés par de minces taillis.
La maison Kappelbronn apparaît soudain et cela tient plus au hasard que d’un monstrueux sens de l’orientation ! La montée vers la Porte de Pierre s’effectue en sous-bois aéré offrant quelques vues parcellaires sur le fond de vallée. La carte n’en fait pas mention donc grande est la joie au moment de passer devant une petite source protégée par un amas de pierres. A peu de distance, la Porte de Pierre est comme son nom prête à le supposer, une roche dont le centre a été érodé par les siècles et formant ainsi une arche. Cette porte ouvre sur un plateau dont on atteint bientôt le sommet au rocher de Mutzig. Paysage de landes, panorama circulaire, stèle commémorative et félicitations unanimes du jury car vous venez brillamment d’atteindre le premier mille mètres de cette traversée du massif des Vosges !
1010 mètres pour être exact.
Pas trop le mal des montagnes, ça va ?!!!
 

 
Il nous faut cependant hâter le pas car le ciel s’obscurcit rapidement de nuages grisonnants. Quelques gouttes distillent un rafraîchissement bienvenu à l’approche du col de Narion et de la cabane des juifs qui ferait un abri de fortune appréciable si le temps venait à dégénérer. Spacieux et agréable lieu de bivouac, s’il n’était survolé par de nombreux avions attirés par les lueurs de Strasbourg.
L’information est suffisamment importante pour mériter une inscription en lettres d’or au carnet de voyage : pas de nouvelle ampoule à rapporter aujourd’hui.
Pas d’eau ici, uniquement une réserve de cinquante centilitres prévue pour ce cas de force majeure. Hier soir c’était « tournée générale » et le sentiment de nager dans la fontaine de Trévi ou les pièces d’eau du château de Versailles.
Chaque jour apporte son lot de surprises, de joies ou de peines, de rencontres, de découvertes et d’émerveillement ; et ce foisonnement de situations renouvelées, sans cesse particulières est le fondement même du plaisir de la randonnée. 
.
 

Date de création : 18/12/2007 @ 13:27
Dernière modification : 22/07/2008 @ 10:57
Catégorie : ALPES - GR5
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