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Le lac Cottepens et le refuge des Sept Laux
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ALPES - GR5 - JOUR 15
15e jour – 1er juillet 2005
 
La pluie tombe à verse jusqu’à neuf heures et oblige à une grasse matinée forcée. La déception de Christophe est palpable car il est venu d’un peu loin pour seulement dormir par terre, en plein vent et sous la pluie. Je ne suis pas plus jovial car j’ai en horreur de marcher sous la pluie et m’y abstrais aussi souvent que possible. Equipés de k-way nous décidons de tenter le coup et partons sur le chemin bien balisé mais détrempé. Une pluie fine et pénétrante nous accompagne à l’assaut du Grand Ballon qui constitue le point culminant des Vosges avec 1424 mètres d’altitude. Comme il fallait s’y attendre, le brouillard est de la partie. Quelques pas de plus et on pourrait apercevoir Big-Ben tant le climat anglais est fertile ! Point d’horloge et pas non plus de radôme sommital pourtant tout proche. Le monument des Diables Bleus érigé sur cette haute crête en 1927, nous sert d’abris temporaire tant les rafales fouettent le visage et le vent glace les mains. Il faut hurler pour se faire comprendre de l’autre à trois mètres à peine.
-          Bienvenue au Grand Ballon, on est le premier juillet…
Cette petite phrase désabusée est tout ce que le caméscope peut enregistrer. Le reste des paroles de Christophe s’envole au vent mauvais.  
 
 
Il n’est plus que temps de quitter la colonne de granit à l’efficacité limitée pour trouver asile plus approprié. En pareille circonstance de déluge semi apocalyptique, n’importe quelle grange ou cabane ferait l’affaire. Or il y a bien plus cosy sur le Grand Ballon, avec le chalet hôtel du club vosgien. Splendide bâtisse imposante à l’intérieur feutré et chaleureux. La salle à manger habillée de boiseries propose un décor rustique et soigné où l’on se sent tout de suite bien.
Pas de randonneurs, pas de clients, hormis un sympathique charpentier habillé de pied en cape d’un grand ciré jaune et qui descend du toit où il remplace les bardeaux de bois à chaque nouvelle averse. 9°C dehors. Un chocolat chaud (le premier d’une longue série pour moi, hélas) ouvre l’appétit qu’une admirable choucroute garnie colmate à merveilles. J’explique mon choix à Christophe qui préfère un salade et terrine. La choucroute est d’après une recherche scientifique avérée, l’aliment le plus vitaminé. L’orange est riche en vitamines, mais le kiwi l’est plus. Le chou cru est plus vitaminé que le kiwi. Et le chou mariné, grâce à des interférences chimiques qui nous passent un peu au dessus de la tête, est le plus vitaminé des produits alimentaires. Donc : bon appétit !
Il y a bien aussi l’Orangina qui est « super vitaminé », mais je suis le seul à y croire !
 

 
 
Le serveur à cause de son teint blafard, limite maladif, ses cheveux courts et sombres, ses sourcils fournis et des manières distantes me glace un peu. Dans cette grande salle vide, ne disant pas un mot de trop sur un ton monocorde, avec du brouillard inimaginable tout autour, il me donne la sensation troublante et drôle d’être accueilli dans le manoir de la famille Adams. Je m’attends d’un instant à l’autre à voir sortir La Main de derrière un meuble !...    
Le sentier descend plus bas à travers champs et seulement derrière nous se dévoile enfin l’intégralité du Grand Ballon auréolé d’un ciel timidement redevenu bleu. Une chapelle commémorative flanquée d’un drapeau tricolore juchée au sommet d’une colline au col de Firstacker agît comme une piqûre de rappel. Au-delà du col Amic et pendant une bonne heure, nous sommes catapultés dans l’enfer vert d’un coin d’Amazonie oubliée. Ronces, orties et fougères arborescentes prolifèrent dans ce vallon où l’humidité est latente, la couleur émeraude prédominante. Un vrai petit bonheur. Il faut bien ça avant de sortir près du Vieil Armand.
 

 
Un long corridor austère débouche sur le monument. Deux cariatides portant l’épée gardent l’entrée de la crypte d’où s’échappe un mélodieux « kyrie eleison » des Choristes. Des marches latérales mènent au parvis carré supportant l’Autel de la Patrie. Dans la perspective, s’alignent pas moins de mille deux cents soixante quatre tombes de soldats identifiés. Une plaque de bronze à l’intérieur de la crypte regroupe les ossements recueillis à même le champ de bataille.
Comme tant d’autres, ce promontoire a été l’enjeu de sanglants combats sur le front des Vosges. Au pinacle de la forêt, une croix de vingt mètres de haut matérialise d’une gigantesque plaie indélébile l’horreur des temps anciens que l’on espère à chaque fois révolus.
Inauguré en 1932, le monument national du Vieil Armand (Hartmannswillerkopf) est l’un des quatre lieux de mémoire commémorant le souvenir de la Première Guerre mondiale, avec Douaumont (Verdun – ossuaire), Notre Dame de Lorette et Dormans (Marne). 
Ce n’est pas tant la fatigue que ces découvertes monumentales d’horreur et d’effroi qui rendent chaque fois les jambes un peu plus lourdes. La dernière montée en direction du Molkenrain a un goût amer de lassitude écoeurante. Struthof, carrefour Duchesne et maintenant Vieil Armand…
En se retournant une dernière fois du haut de la colline, on distingue encore la croix monumentale surgissant de la forêt dont les cris de terreur se sont tus à jamais. Imperceptiblement cela commence à sentir la fin de l’Alsace. La descente sur Thann occupe encore une bonne heure et demie soutenue. Un jeune chevreuil traverse le sentier, clin d’œil réconfortant de la nature dans lequel il faut voir et croire en un avenir paisible.
 
 
Celui de Christophe est plutôt mal engagé car plus aucun train ou car ne peut l’approcher du Markstein où il espérait retourner ce soir prendre sa voiture et rentrer chez lui. Je l’invite donc à venir partager la chambre qui m’a été réservée à l’hôtel à Thann.
Premier lit depuis quinze jours.

Date de création : 09/02/2008 @ 14:07
Dernière modification : 22/07/2008 @ 10:59
Catégorie : ALPES - GR5
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