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ALPES - GR5 - JOUR 22
Jour 22 – 8 juillet 2005
 
Le chauffage poussé à fond dans la chambre du gîte confère une bienfaisante atmosphère de sauna tranchant avec les dernières nuits au confort précaire et la moiteur des lieux favorise une grasse matinée méritée. 
Le ciel lourd de grisaille, les douze misérables degrés ambiants et la pluie qui commence déjà à tomber ne transportent pas d’une folle allégresse. Villars le Lac me fait un peu penser à Modane, le Doubs en plus. Triste, grise, encaissée. Sont-elles jumelées ces deux villes sans âmes ? Toujours est-il qu’il me tarde d’atteindre Modane. Oh, pas pour la magnificence de la ville, le climat ou l’air frais et pur des abords du tunnel du Fréjus. J’ai hâte d’être à Thonon pour en avoir enfin terminé de la partie « Nord » du lac Léman et hâte d’être à Modane pour sortir de cette espèce de Terra Incognita dans laquelle je déambule comme un somnambule, sans trop savoir où il va. Les paysages du Doubs apparaissent sensiblement identiques au fil des jours : des forêts qui défilent à vitesse variée, des près, des champs et des vaches, de la pluie et de l’humidité qui imprègne tout de manière persistante et tenace.
Cette humidité ronge jusqu’aux os et au-delà, le moral qu’il faut pourtant s’astreindre à conserver haut et bon. A Modane, j’aurai mes repères puisque l’itinéraire ne m’est plu alors totalement inconnu. A l’automne 2003, j’avais réalisé avec plaisir infini la portion Menton – Bonneval sur Arc, le long du GR5. Atteindre Modane, c’est être à deux jours de Briançon. Briançon c’est le Queyras avec au dessous Larche. A Larche, il ne reste que dix jours pour aller jusqu’à la mer. 10 JOURS !!! Vivement Modane pour entamer ce favorable décompte.  
 
 
Ne croyez pas que la lassitude me gagne, que la randonnée m’emprisonne de fatigue. Le plaisir de la randonnée, de marcher, de découvrir ailleurs, plus loin, plus haut reste intact. Malheureusement je puise extraordinairement plus de plaisirs à gravir un haut col durant des heures en plein cagnard, qu’à me traîner d’un air piteux en pleine campagne détrempée sur un chemin qui ne semble jamais devoir arriver nulle part. La campagne a cela d’intéressant qu’elle procure la possibilité au plus grand nombre de s’oxygéner en sous-bois, de marcher entre les collines. La montagne elle, permet à l’homme de se dépasser, de repousser ses forces ou limites et le récompense de ses efforts d’un panorama infini sur l’horizon de sommets, de lacs ou de minéralité. A quand un peu de vraie montagne avec la perspective de voir d’où l’on vient et où l’on va ?  
A partir du hameau « sous la Roche », le cheminement en forêt parfois aux accents alpins s’étire le long de multiples bornes en pierre, délimitation de frontière. Bien utiles se révèlent ces bornes, dans le brouillard qui noie peu à peu la forêt et entraîne la disparition permanente des branches sommitales des arbres. Le cotonneux champ de vision suggère que l’on marche entre des troncs décapités à mi hauteur tant la présence d’une canopée s’avère improbable à l’œil troublé. Le gros de la journée se passe tranquillement sur des routes secondaires, des chemins vicinaux ralliant des hameaux perdus à d’autres lieux dit oubliés de toute vie parfois. Beaucoup de chalets ont ici su conserver une architecture traditionnelle avec en point d’orgue, une appréciable cheminée identifiable comme étant le « tué ». Bien plus qu’une cheminée il s’agit d’une pièce cloisonnée à l’intérieur de laquelle brûle le foyer et où l’on faisait autrefois sécher et donc fumer les quartiers de bœufs et la charcuterie. La plupart des habitations sous couvertes d’antiques bardeaux de bois lustrés par l’imperceptible poids des décennies. Typique, pratique et agréable au regard.
 
 
Bien souvent l’itinéraire du jour emprunte des sentiers inutiles alors qu’il serait plus simple et avantageux de rester sagement sur la route à fréquentation nulle. On éviterait ainsi de patauger dans la boue, les flaques ou de faire de bien superflus détours. Celui en forme de « U » est significatif de la fumisterie (ou de l’humour c’est selon) des baliseurs locaux. Ainsi, le marquage rouge et blanc nous fait quitter la route, contourner les trois côtés d’un vaste champ de plusieurs hectares vallonnés pour rejoindre… la même route à peu de distance de là. En montagne mais surtout à la campagne, rien de sert de toujours suivre le balisage à la lettre. Lire la carte, l’interpréter et décrypter certaines inepties permet de gagner en temps et confort de marche. 
Jusqu’au hameau de la Drayère tout va pour le mieux. Ensuite, serait-ce les yeux fatigués par le brouillard, ramollis par l’humidité ou lassés de chercher le balisage, paf,… je replonge dans mes vieux démons et me plante admirablement ! Marche azimutée dans les bois ou sur bitume, quatre vingt dix minutes vers l’Est et l’on débouche tant bien que mal à Montbenoit.
A l’entrée du village vers la scierie, une passerelle permet d’enjamber le Doubs au cours tranquille. Des champs en coteau, des bosquets d’arbres et de la boue alentour seront le décor du bivouac. Je grimpe donc dans les près en pente constellés de bouses et monte la tente sur l’un des bien rares emplacements vaguement horizontal. Immanquablement le troupeau de vaches qui occupe les lieux me suit, se fait curieux et forme cercle autour de moi. Au bas mot, une trentaine de génisses et taurillons me témoigne un intérêt pressant, reniflant la tente, mon sac à dos et dévisageant avec des yeux pas si livides que cela le bien curieux intrus que voilà. 
 
 
A plusieurs reprises, mon bâton décrit de larges moulinets dans le ciel pour impressionner et surtout éloigner mes voisines d’un soir qui collent d’un peu trop près la tente. Manquerait plus que l’une d’elle perce le double toit avec l’anneau nasal hérissé de ferraille dont elles sont toutes affublées. Je serai bien, tiens… Le troupeau va et vient autour de la tente la nuit durant, à grand renfort de sonnailles discordantes.
12°C ce soir et une humidité latente qui lèche doucement les pages de mon carnet. 

Date de création : 10/02/2008 @ 10:31
Dernière modification : 22/07/2008 @ 11:01
Catégorie : ALPES - GR5
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