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ALPES - GR5 - JOUR 30
30e jour – 20 juillet 2005 (+3 de Thonon) 
 
Les chalets de Bise doucettement endormis au creux d’un vallon encaissé, la nuit a légitimement déposé une douce rosée sur la frêle tente.
12°C à l’intérieur contre seulement 4°C au moment du départ.
La montée jusqu’au Pas de la Bosse n’a rien d’insurmontable et apparaît au mieux comme un échauffement tranquille dans la fraîcheur accrue du petit matin. Je prends place dans la colonne distendue de randonneurs lourdement chargés qui confère à ce col sans envergure aucune, de faux airs de pic himalayen accessible aux seules cordées de sherpas entraînés ! La plupart d’entre eux bifurque vers les Cornettes de Bise (2432 m) qui est une espèce de pic frontalier à forte verticalité assurément approprié à l’escalade. Du Pas de la Bosse, l’horizon s’ouvre loin et découvre de nouveaux sommets et les premières neiges éternelles parmi lesquelles je n’ose déjà apercevoir le majestueux Mont Blanc, phare dans le lointain, balise gigantesque sur la carte de progression.   
1h20 de descente sereine en alpage puis en sous-bois aisé permet d’atteindre le splendide petit village de la Chapelle d’Abondance qui a su préserver tradition et cachet. Déjà de loin en loin, ruisseaux, sources ou fontaines d’alpage redonnent éperance au randonneur assoiffé de fatigue. La pénurie de cet élément indispensable semble désormais rétrogradée au rang de cauchemar oublié. Les Alpes sont là, l’altitude, les glaciers aussi. L’eau jaillit, revit.
Le balisage oblige à emprunter faute de mieux la route départementale sur près de deux bons et longs kilomètres d’une intense activité automobile chargée en gaz d’échappement dont on se passerait volontiers.
 
 
Amis randonneurs, pour prendre la bifurcation du Moulin, ouvrez bien les yeux car à la sortie du village s’étend une zone noire en balisage. La belle cascade jaillissante peut être l’occasion d’un remplissage de gourde pour le randonneur oublieux, mais nulle crainte à émettre aujourd’hui, l’eau ne tombera pas du ciel mais sera pour autant présente en d’innombrables points accessibles et aisés. Depuis la Chapelle d’Abondance, en prévision d’un dénivelé plus intense et d’une soif plus fréquente, je fais à nouveau usage de la gourde souple, signe que les choses sérieuses ne sont plus loin de débuter. La partie de saute-mouton au dessus des montagnes recommence assez abrupte jusqu’aux premiers alpages jalonnant la cabane des Crottes que ma carte un tantinet archaïque énumère en ruine alors qu’elle pourrait sans doute faire un appréciable abri neuf, quoique présente à proximité d’importantes lignes à haute tension.  
Le chalet de la Torrens est visible de loin. De même qu’il est loisible de l’entendre de loin sans que pour autant les sonnailles des vaches hagardes qui l’entourent n’y soient pour rien. Pas un quelconque oiseau de paradis ni même un poste de radio distillant au gré du vent des airs mélodieux d’opéra évanescents. Le ronronnement mécanique du groupe électrogène perturbe ici l’ouie, la vue et l’odorat. Les deux autres sens qui nous restent tentent d’éviter le plus longtemps possible d’entrer en contact avec les déjections animales mêlées des boues et vases du sentier détrempé. 
Du col des Mattes (1930 m) accessible depuis un dernier raidillon où il est nécessaire de zigzaguer entre les vaches allongées ruminantes sur le sentier, est situé au bord d’un immense plateau herbeux où la vue s’étend loin et où avec l’appui d’un vent tournoyant, on respire l’immensité. Contournant le large flanc de colline herbeuse où le pied sait sans équivoque reconnaître une herbe grasse, douillette et tendre, je croise un couple de randonneurs alsaciens. En vacances une bonne quinzaine de jours dans cette très belle région de Haute Savoie, ils savourent le plaisir des randos depuis le camp de base douillet que constitue leur studio de Châtel. Lui parle sans s’interrompre et avec beaucoup d’à-propos et de connaissances des pics ou sommets environnants, de la faune et flore et aussi des petits coins à champignons plus secrets qu’il a su débusquer au fil patient des années. Ses yeux pétillent, les mots fusent tandis que son épouse arc-boutée sur son unique bâton reprend un souffle mérité. Il me conseille d’aller ce soir dormir au lac Vert ou même plus loin si mes pas me portent.
Encore une jolie petite trotte en perspective !
 
 
Durant près de deux heures, une large route carrossable gravillonnée accompagnera notre marche depuis le chalet de l’Etyre qui propose une vente de fromages à la ferme. Vente directe du producteur au consommateur. Je me laisserai volontiers tenter par un bon morceau d’appétissant Abondance, mais ma bourse est plutôt plate Monseigneur ! 
Bien longue encore apparaît la route jusqu’au col de Bassachaux, identifié ce matin comme hypothétique lieu de bivouac. Un parking surchargé de voitures et camions, ainsi qu’un restaurant bar officiant en gîte d’étape m’en dissuadent immédiatement !
Loin, en contrebas dans les ombres naissantes de l’Ouest, les eaux du lac de Montriond scintillent une dernière fois avant d’être englouties par l’obscurité du petit cirque qui l’enclave.
Comme souvent sur les flancs d’autres stations de ski l’été est propice à d’herculéens travaux d’aménagement ou consolidation. Ainsi de part et d’autre de la piste menant vers la frontière suisse, pelleteuses, engins de terrassement et camions disproportionnés s’offrent une belle partie de souillure de la montagne. Des tonnes de terre changent de place, des rochers prennent une soudaine position artificielle, des arbres trinquent et se retrouvent au sol, à jamais meurtris. Ce chemin demeure cependant un appréciable observatoire ouvrant sur les contreforts en à-pic d’Avoriaz. D’une ligne de crête érodée par on ne sait plus qu’elle activité humaine assoiffée d’avidité, dépasse incontournable la centrale électrique camouflée en forme d’église biscornue. Heureusement le mamelon cache à la vue l’essentiel de l’horreur architecturale du lieu. En fond de ravin s’étage le village des Lindarets, réputé pour être « le village des chèvres en liberté ». De nombreux vacanciers font spécialement le détour afin de venir participer au piège à touristes. Si ce n’est de Monsieur Seguin, on est toujours la chèvre de quelqu’un !
Une dernière grimpette accentuée dans les pâturages ouverts aux vététistes et vous voilà fins prêts d’approcher de l’impressionnante Pointe de Mossette, coiffée d’un gigantesque hôtel, aboutissement d’une nouvelle ligne de télécabines. Un cube démesuré à plusieurs étages vitrés trône à 2277 mètres et étincelle des premiers rayons rasants d’un soleil en extinction.  
Un pâturage bosselé, étoilé de blancs moutons bêlants, une frontière immatérielle et se profile un rouge drapeau helvète hissé à proximité du refuge de Chésery. Retour en Suisse pour la nuit, pour quelques heures de répit.
Les eaux calmes du lac Vert atteintes, 19h00, trêve des hostilités pédestres, je suis enfin étendu et détendu sous la modeste toile. Quel bonheur simple. Toujours pas d’ampoules, tant mieux. Pas de réseau, tant pis.
Nouvelle excellente journée de marche sous un soleil radieux et des paysages grandioses de montagne et d’alpage.
Que demander de plus ?

Date de création : 13/02/2008 @ 05:32
Dernière modification : 22/07/2008 @ 11:03
Catégorie : ALPES - GR5
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