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ALPES - GR5 - JOUR 31
31e jour – 21 juillet 2005 (+4 de Thonon)
Le col des Portes de l’Hiver ne peut évidemment en cette saison se targuer d’un qualificatif effrayant et ses 2099 mètres sont une mise en jambe de plus permettant de basculer dans un extraordinaire vallon suisse. Après avoir sans doute remplit sa gourde au gîte d’étape de Chaux Pralin, le randonneur appréciera la longue marche d’approche sur large piste carrossable menant de fermes en fermes disséminées au terme d’un immense faux plat. Tout au long des pistes de ski, on s’active à l’entretien et à la dernière ferme, la porte entrebâillée laisse entrevoir le remplissage des faisselles acte fondateur à la préparation séculaire du fromage. Je me laisserai volontiers happer par cette attraction montagnarde saine et naturelle, où regarder, observer et contempler suffirait à satisfaire la curiosité mais hélas le temps manque. Le ciel s’obscurcit et le thermomètre chute brutalement à 12°C. Le prochain col, celui de Coux se fait immanquable, loin là-haut dans l’axe du regard. On dirait que la grosse bâtisse grise qui en coiffe le sommet a été surtout placée ici par la main d’un géant en guise de panneau indicateur : « le col est ici ! ». Immanquable. La montée vers ce col frontalier de 1920 mètres, sans être trop difficile propose un dénivelé qui s’étire un peu trop dans la durée, sur une large piste carrossable accessible au plus grand nombre. De part et d’autres, des champs de rhododendrons sont autant de salons où causent de grasses vaches bicolores étendues sagement.
Dernière borne frontalière franco-suisse de la traversée.
Il est merveilleusement agréable de voir des familles randonner avec de jeunes enfants. Et surtout quand deux dociles ânes accompagnent de leur bonhomie et sympathique frimousse les bambins hauts comme trois pommes. Les petites mains gauches caressent de manière un peu brutale l’encolure grise ravie toutefois d’être flattée. Les parents peuvent s’adonner sans trop de contraintes au plaisir de la rando, et les enfants ne sont plus un fardeau qu’il faut s’échiner à tirer jusqu’au sommet. Le littoral breton, la Corse ou les Pyrénées sont par nature un terrain d’exploration favorable pour ces « équi-rando-baby ». Vive les ânes, de tous temps injustement moqués. Vive les ânes et les bébés !
La vision à long terme manquait cruellement dans les collines vosgiennes. Marcher sans savoir trop où l’on irait. La montagne, l’altitude et les Alpes libèrent résolument de cette incertitude pesante au randonneur. Du col de Coux nous pouvons embrasser une dernière fois le vallon suisse et localiser avec certitude le prochain col de la Golèse, prairie conique en diagonale ouest.
La montagne est un lieu de détente, de plaisir mais aussi un lieu d’informations puisées in situ. Jugez par vous-même :
- Bonjour, vous descendez sur la Golèse ? Vous avez une genouillère. Est-ce que c’est vraiment agréable à porter et sécurisant ?
Les deux femmes qui marchent devant moi s’arrêtent, pas offusquées de cette question qui est l’octroi d’une petite pause méritée.
- Non, nous descendons juste dans le vallon en bas. J’ai deux enfants à tirer derrière moi alors dans les montées, il faut pousser plus fort encore sur les genoux. Ca use à force…
- Je comprends. Et vous vous sentez vraiment bien à l’intérieur ? Je vous pose la question, car je commence à avoir de petits soucis de tiraillements dans le genou.
- Ce n’est que le premier prix celui que j’ai là.
Et de montrer avec des moulinets de poignets l’engin en plastique bleu qui recouvre sa précieuse articulation.
- Acheté en magasin de sport. Mais en pharmacie cela peut monter jusqu’à une centaine d’euros, avec des velcros et je ne sais quoi. Mais j’en suis bien contente c’est vrai.
- Je vais réfléchir un peu et me laisserai aussi tenter sans doute. Merci, bonne journée à vous.
Quelques tensions héritées des Pyrénées redonnent hélas des soubresauts dans le genou droit. L’année dernière, je cavalais comme un jeune chien fou dans les pierriers et les éboulis. Cette fois-ci, la route étant plus longue, pas question de courir de risque et de casser une « suspension ».
Le point le plus bas entre ces deux cols, situé de plus à presque équidistance est un lieu idéal de pique-nique. Outre l’aspect alimentaire, cette petite prairie tranquille où paissent une vingtaine de vaches est le décor sublime d’une pause relaxante et odorante. Les bruits se sont éloignés, la chaleur du soleil, la mélodie des oiseaux, la douceur de l’herbe et le lointain flot minuscule d’un ruisselet discret invitent à fermer les yeux. Non pas seulement pour une sieste réparatrice mais plus pour une immersion totale dans cette nature qu’il est si louable de respecter. Essayez, un jour comme ça à l’occasion, de vous allonger, de ne plus penser à rien. A rien d’autre que ce qui vous entoure. Laissez vous pénétrer par ce que la nature a de plus simple, de plus pur et de sain à vous proposer : elle-même.
Alors, saveurs, odeurs, chaleur et couleurs se croisent, se mêlent, fusionnent en une alchimie dont la quintessence peut être appelé BONHEUR.
Le col de la Golèse se laisse enlever sans trop de surprise ni difficulté par une autre piste carrossable. Quelques chalets et granges en contrebas offrent le nécessaire utile au randonneur. Changement de vallée et apparition de Samoëns dans le lointain, protégé par l’espèce de large piton des Suets qui préfigure un immense pain de sucre. Où se cachent donc la statue du Corcovando et la baie de Rio ?!!!
Au gré des terrasses herbeuses, de jolis petits chalets de bois, certains à peine plus gros que des maisons de poupées égayent l’agréable paysage. Tous ou presque restaurés, entretenus avec goût et particulièrement fleuris. Les panneaux solaires s’épanouissent de toutes leurs corolles. Plus bas, au hameau dépeuplé des Allamands, le calme et la plénitude sont tout autant de mise. Quelques vieilles maisons de bois abandonnées ou en court, un oratoire dédié à la Vierge et un bassin prodiguant une eau fraîche. Rien d’autre.
Me parviennent les bribes d’une conversation qui me fait rêver et qui apparaît en décalage saisissant avec le lieu. Des résidants parlent d’internet, de connexion haut débit, de fournisseur d’accès, etc.
Des Allamands à Samoëns, quarante minutes par la route. Mais pour trouver un gîte où se loger c’est près d’une heure et demi de recherche hasardeuse !
La postière indique l’office du tourisme. L’office du tourisme conseille un gîte d’étape dans le haut du village où je suis déjà passé en entrant à Samoëns. Demi-tour. Pas de réponse. Retour au centre village où les derniers espoirs s’incarnent dans la secrétaire de mairie, attentionnée et compréhensive. Avec l’aide de son ordinateur, elle me permet de localiser sans sourciller l’hébergement qu’elle a rapidement trouvé à me proposer pour la nuit. Vous vous souvenez, c’est ce même logiciel déjà usité au village de Vinzier. Photos aériennes du village et nous voilà déjà surplombant ce traditionnel petit grenier réhabilité qui saura m’accueillir très confortablement pour la nuit, au lieu-dit les Fontaines.
Dans cette région de montagne, un « grenier » est un petit chalet de bois simple ou avec un minuscule étage. Eloigné de quelques dizaines de mètres de l’habitation principale, il constituait autrefois le coffre permettant de conserver ou de protéger au mieux les effets de la famille, les céréales ou l’alcool à l’abri d’un incendie, quelques économies aussi. De construction massive, celui-ci de la famille Curnier qui m’accueille pour la nuit exhale avec forte propension la résine de sapin, l’essence de la forêt. Il faut un peu se baisser pour franchir la porte de cette splendide petit cabane sur pilotis. La grosse clé tourne difficilement dans la serrure, je n’ai plus l’habitude que des fermetures éclaires de tentes ! Deux magnifiques lits, un chevet central, une mini fenêtre ornée de rideaux à dentelle raffinés, une table. Pas de mobilier superflu, la place est ici comptée. Instantanément on se sent bien, chez soi dans cet espace clos de capsule spatiale chaud et odorant.
Que la nuit vous soit douce. Date de création : 13/02/2008 @ 05:46 Réactions à cet article
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