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ALPES - GR5 - JOUR 39
39e jour – 29 juillet 2005 (+12 de Thonon)
Pour la première fois depuis bien longtemps, le ciel est couvert, voilé, parfois orageux, souvent ombrageux. Un peu de vent frais souffle et une rafale manque de me faire chavirer. D’immenses nuées blanchâtres de plusieurs kilomètres dévalent les crêtes du sud marquant frontière avec l’Italie et noient la vallée sous un épais manteau vaporeux comme l’aurait fait de l’azote liquide.
Le sentier s’élève au niveau du hameau que dis-je, du modeste regroupement de quatre à cinq maisons appelé « la Fesse du Milieu ». Terme poétique et tout à fait mignon pour localiser avec une infinie précision ce parmi tant d’autres « trou du cul du monde », où le calme et le repos semble être de mise pour les heureux propriétaires de ces bicoques antiques. Jusqu’au refuge prochain de Cuchet, le GR bien balisé serpente sans difficultés le long de la montagne en de longs sillons vallonnés, souvent larges et d’aspect bien entretenu. Cinq ou six ruisseaux vigoureux agrémentent le parcours, de même que la vue panoramique sur les villages de Lanslevillard et Lanslebourg blottis près de mille mètres plus bas. Longeant ses villages, dans la forêt d’Arc, on distingue quelques sections du « chemin du Petit Bonheur », variante du GR passant en fond de vallée.
J’avais emprunté cet itinéraire à l’automne 2003, à cause des chutes de neige précoce et le souvenir agréable de ce sentier facile ponctué de calvaires m’est resté présent. Quelques larges terrasses ou plateaux à l’herbe tendre et grasse offriraient de douillets bivouacs. Les alpages sont ici bien fleuris et colorés, mais point encore de gentianes bleues depuis le départ, malgré une altitude sérieusement raffermie depuis Thonon. Beaucoup de plants aériens de gentianes jaunes que les vaches rechignent à mastiquer et qui prolifèrent au fil des ans, des variantes de clochettes violettes, des bleuets, aucun edelweiss. Du minuscule refuge de Cuchet (2160 m) où l’on semble bien entassé, une tête ébouriffée sort timidement par la lucarne d’un dortoir, toute emmitouflée de couverture et de sommeil. Il est 9h06 et l’on dort encore sur ce petit replat bordé de verticalité au panorama appréciable.
Une quarantaine de minutes sur un large chemin carrossable agréable passant dans le lieu-dit des Rochasses constitue une descente en forêt qui semble n’en pas finir et conduire tout droit au fond de la vallée, sur le plancher des vaches.
Prolongeant la base d’un immense bloc de rocher, observez cette ancestrale cabane de pierre qui s’unie si bien avec la masse qui la protège. Un petit toit dépasse à peine, la totalité de l’habitation demeure incluse sous le rocher, l’homme ayant ici tiré maximum de protection des éléments de la nature. A l’image des primitives retraites ascétiques, en Himalaya, Cappadoce ou autre Sinaï, ce réduit sommaire s’intègre avec une extrême discrétion et simplicité. Qui donc vivait là ? Un berger, un troupeau, une famille ?
Le carrefour de Pré Vaillant sonne la fin du dénivelé négatif. En épais sous-bois de conifères et résineux d’apparence méridionale puis en terrasses gazonnées, le sentier serpente allégrement, sans danger ni trop de difficulté à l’assaut de la crête de la Turra. Nous venons d’atteindre les chalets de la Turra de Termignon (bergerie), recroquevillés sur un éperon rocheux, ouvrant sur une autre vallée et la suite de l’itinéraire grandiose. Nous allons devoir effectuer une immense boucle en forme de fer à cheval ou de Ω et ce parcours prendra une bonne journée de marche assez contraignante. Il serait plus simple et rapide de descendre vraiment en fond de vallée et de remonter le versant abrupt opposé. D’ici jusqu’aux alpages de Montafia, quatre kilomètres nous séparent seulement à l’azimut. Avec le Ω ce sont au bas mot trente kilomètres à avaler vers le nord, l’ouest et enfin le sud afin de contourner par le haut le profond canyon du Doron. Accrochez-vous, c’est parti. Une poignée de maisons, granges ou ruines disséminées au hasard des temps anciens sur ce flanc de montagne, vient rompre la monotonie de ce sentier carrossable qui s’étend à perte de vue. A la ferme du Piou dont le délabrement n’a d’égal que le dénuement du lieu, un panneau rudimentaire indique sans plus d’assurance : « Bienvenue à la ferme du Piou, vente de produits frais, fromages, œufs, etc. ». Le pauvre paysan, aisé octogénaire, vêtu d’un pull grossier de lainages bariolés et d’un antique béret ne semble guère jouir d’un évident magnétisme sur la clientèle, tant les randonneurs passent sans s’arrêter. Le vieux demeure là, en contrebas du chemin, dans le parc grillagé de sa petite ferme, à la terre noire trop labourée par les pattes des gallinacés en chasse.
La pelouse de Bellecombe tient lieu de parking obligatoire d’où une navette emporte plus loin les randonneurs du dimanche. Compromis difficile à assimiler pour moi que de voir des véhicules en nombre au sein même d’une entité naturelle et protégée comme le Parc de la Vanoise. Sans doute est-ce le prix à payer pour ménager le loup, la chèvre et le chou ? Quant on sait que le col de l’Iseran et une grande partie de la route fréquentée qui y monte sont situés dans ce même Parc aux conditions drastiques pour le randonneur, on a tout dit…
Le vent est toujours présent, il fait froid.
Le ciel charrie d’immenses cumulonimbus qui depuis le matin ont savamment obstrué le doux soleil. La gardienne du refuge de Vallonbrun disait hier soir que le mauvais temps venait toujours du côté de l’Italie. Je suis en plein dedans. Vingt minutes d’un sentier paisible qui longe de loin la route en passant tout contre la grande flaque que constitue le « lac » et voici le refuge de Plan du Lac (2364 m).
Fatigué et redoutant la pluie, je décide de stopper là pour la nuit, alors qu’il n’est que 13 heures. Aussitôt allongé dans le dortoir à quatre lits, je plonge dans mes cartes et… dans une profonde sieste réparatrice de 2h30 sous la couette chaude. La douche, accessible grâce à un jeton coûte ici la bagatelle de 2,50 euros pour quatre minutes et demie. C’est un luxe onéreux de se laver en Vanoise. Il faut bien trouver l’argent pour bitumer les accès du Parc !!! La dernière vraie douche remonte à Samoëns, huit jours déjà.
A Val d’Isère, l’hôtelière BCBG m’a dit qu’il y avait un loup à Bessans. Cela a été confirmé à la Poste du village. Il serait remonté du Mercantour… et moi j’y descends. On finira bien par se rencontrer ! De l’autre côté de la cloison, dans le dortoir mitoyen, mon voisin ronfle tant qu’il peut.
18°C ici, soit 8°C de plus que sous ma tente à pareille altitude.
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Dans deux jours seulement nous serons à Modane et au-delà, encore une quinzaine de jours avant de s’acheminer doucement vers la fin et pouvoir certifier une date d’arrivée sur la Méditerranée. La Méditerranée ! Si loin encore, mais comme je me le répète lorsque le sentier monte un peu trop :
Comme le disait le grand Confucius « chaque pas de plus dans l’adversité est un pas de plus vers la Méditerranée ! »
Il a bien raison ce sacré Confucius !!! Date de création : 13/02/2008 @ 18:34 Réactions à cet article
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