Texte à méditer :  Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté.   CONFUCIUS
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ALPES - GR5 - JOUR 41
41e jour – 31 juillet 2005 (+14 de Thonon) 
 
20°C dans le duvet, 10°C sous la tente et autour de 6°C dehors.
Un peu de pâle soleil tente d’illuminer les gouttes de rosée et retour dans le brouillard pour une bonne partie de matinée. Un groupe de randonneurs en file indienne passe à proximité de la tente au moment du pliage.
-          Maman, tu aimerais dormir sous une tente toi ?
-          Oh non, j’ai trop besoin de mon confort.
Un sourire pointe sur mes lèvres à entendre ces réflexions d’enfant circonspect et de sa mère douillette. Pourtant je ne saurai regretter le réveil face au Mont Blanc, sous le col d’Anterne et bien d’autres panoramas majestueux qui dès le matin transportent d’allégresse.
A trois pas, un panneau indique trois ou quatre lieux de rando, mais pas de col du Barbier. Fort heureusement un précédent randonneur exaspéré à sagement palier à cet oubli flagrant en griffonnant une flèche dans la direction du col. Avec son stylo il a ajouté le lapidaire commentaire suivant : « et le col du Barbier, connard… ». De fait il faut marcher plein Sud et traverser le plateau du mauvais berger jusqu’au col du Barbier (2287 m) très facile d’accès. Ici, maintenant et en ce lieu, un peu d’émoustillement se fait jour, pas tout à fait de la joie, juste un peu de satisfaction personnelle. Je fais ici jonction avec la rando de 2003, au col du Barbier qui avait été le dernier col que j’avais atteint dans la douleur et le brouillard et surtout sous une averse de neige fraîche. Souvenirs pas forcément des plus exaltants, même avec le temps. Je retrouve des panneaux, des cabanes, des lieux spécifiques et cela me réjoui d’être enfin arrivé là, là où j’avais échoué il y a deux saisons. D’ici à la Méditerranée, je sais que je peux le faire, y arriver, je connais un peu l’itinéraire et me sens bien plus en confiance que dans les forêts alsaciennes qui n’en finissaient pas de traîner en longueurs monotones. Reprise de confiance et moral regonflé pour aller jusqu’à la mignonne petite chapelle de l’Orgère.
Dans la descente large mais bien abrupte et carabinée vers Modane, on fera attention à ne pas trop glisser ou déraper à cause de la fatigue, du sol constellé de gravillons et d’aiguilles de pins. La forêt se donne des allures méditerranéennes, qui s’en plaindrait ?
Trois allemands d’une cinquantaine d’années, deux hommes et une femme montent à l’assaut de cette pente bien décourageante. Tous juste partis de Modane, ils trimbalent d’énormes sacs à dos pleins à craquer et souhaitent aller jusqu’à Chamonix en dix jours. Sept m’ont été nécessaires en sens inverse avec un sac léger mais encore perfectible en gain de poids. Tandis qu’ils décrivent d’innombrables et lents zigzags, je souhaite à ces randonneurs bien du courage, à eux qui sont encore tous neufs !
Il fait admirablement beau et chaud à Modane, mais ce beau temps ne rend pour autant la ville plus joyeuse. Un dimanche à Modane, même ensoleillé, reste un dimanche à Modane, d’un ennui mortel. Et le Casino ouvert ce dimanche jusqu’à midi n’aide en rien à rehausser l’image de la ville, grise d’ennui, grise de son tunnel avalant des flots ininterrompus de véhicules polluants. Sauf aujourd’hui et pour quelques jours encore, fermé pour travaux de réparation à la suite d’un accident mortel. Les habitants enracinés par obligation plus que par envie ici bénéficieront du luxe suprême de respirer un peu d’air pur et de faire sécher du linge propre pendant quatre jours encore. Ensuite processions de camions, bruit, pollution ramèneront aux tristes réalités de la vie d’ici. 
Montée en douceur jusqu’à l’horrible station sans âme ni cachet de Valfréjus, d’abord en suivant le chemin de croix puis en passant au dessus de la petite et pittoresque chapelle Notre Dame de Charmaix. En 2003, le sentier qui passait devant et empruntait le magnifique pont de pierre suspendu au dessus des eaux bouillonnantes était fermé au randonneur. Il l’est encore aujourd’hui, victime d’un éboulement dont les travaux de réparation tardent à trouver une concrétisation. Néanmoins je conseille vivement de prendre quelques minutes pour descendre à cette emblématique chapelle dont une source d’eau ferrugineuse coule à l’intérieur. Un porche recouvert de lauzes, une madone sommitale bienveillante et une quantité de plaques et d’ex-voto attirent irrésistiblement le regard. Ces profonds et pieux remerciements font plonger dans l’histoire du pays comme dans un livre ouvert. Une mère remercie la Vierge d’avoir épargné son fils lors de la guerre de 1914-18, d’autres gratifient pour une maladie vaincue ou encore une fécondité tardive bienvenue. Plutôt sombre, la chapelle qui enjambe le ruisseau du grand vallon apporte calme, béatitude et apaisement à quiconque saura s’y recueillir avec un cœur d’enfant.      
Trois bons kilomètres en sous-bois savamment ombragé et rafraîchissant permettent de sortir devant un ancien blockhaus défendant de ses meurtrières fantomatiques l’étroite route d’accès semblant taillée dans le roc, jusqu’au hameau du Lavoir. Juste au dessus, une ancienne et monumentale caserne veille sur un horizon calme, digne du désert des Tartares.
Fin de la piste carrossable au parking du Lavoir. Trois larges lacets et voilà déjà le plan d’eau de la Loza (2099 m) identifiable à la mini retenue d’eau qui barre le ruisseau dégringolant du Mont Thabor. Il n’est encore que 16h25, je suis certes un peu fatigué mais dispose encore de ressources suffisantes pour succomber à la tentation inévitable de passer le col de la Vallée Etroite. La montée se fait sur d’agréables mamelons bosselés de verdure avec en point de mire immanquable le Thabor, grandiose. Bon nombre de randonneurs descendent du col et d’autres balades alentours. C’est là un moment de plus en plus apprécié dans la randonnée au long cours, avoir le rare plaisir et privilège de monter à un col, de le franchir avant le coucher du soleil, d’y dormir sur l’herbe grasse et de se réveiller avec le premier soleil, tandis que les autres, touristes souvent, ne pensent pas à le faire. Je suis ainsi seul au cœur des montagnes à profiter, jouir et m’enivrer du plaisir égoïste et si appréciable d’être le seul en ces hauteurs. Une espèce de Robinson Crusoé volontairement échoué à plus de 2500 mètres. J’adore !
Le col franchit, on bascule immédiatement dans la Vallée Etroite. Déjà au loin pointe les prochains cols mais des cris persistants et des sifflements stridents attirent sur les pentes du versant gauche de la montagne. Rien, personne, pas âme qui vive en apparence. Puis déboulant de derrière un léger mamelon, telle une horde en furie, un important troupeau de vaches coure à vive allure dans la pente. Elles avancent si rapidement et sont si nombreuses qu’elles pourraient figurer une avalanche de chair et de cuir au milieu du vert alpage. Les vaches galopent maintenant du versant italien jusqu’à une prairie basse, entraînées par deux chiens que la voix d’un gamin dirige avec dextérité et point trop de douceur. Les chiens se chargent de ramener à la raison les vaches trop émancipées qui voudraient quitter le troupeau et l’adolescent jette de bonnes pierres sur les flancs des plus récalcitrantes qui marquent un écart sous l’impact. Toute la scène se déroule en quelques minutes dans un tintamarre de cloches discordantes, de beuglements farouches et d’aboiements éreintés, noyés sous la poussière du chemin.
Le petit berger pousse son troupeau à grands coups de voix, de moulinets qu’il fait avec son ancestral parapluie de bois. Il cavale en pantacourt pelé et besace mal arrimée sur le dos, descendant allégrement la colline vers un alpage adjacent. Je tente quelques mots, un salut auquel il répond avant de courir à nouveau derrière ses vaches :
-          Non parlo francesi, soltanto italiano.
-          Bon, tant pis…
Et le cow-boy italien, satisfait sans doute d’avoir ramené le bétail, l’abandonne sur la plaine de Tavernette, juste au dessous de la falaise impressionnante de verticalité de la cime de la Planette qui marque frontière infranchissable avec l’Italie. Il me plante là au milieu de ce troupeau de cent vaches curieuses et l’installation de la tente prend des allures de rodéos tant il faut surveiller l’approche des bovins et jouer du bâton pour les éloigner de quelques mètres à peine. Je ne suis toujours pas très rassuré avec des vaches juste de l’autre côté de la frêle tente. Il suffirait qu’une d’elles fasse trois pas en avant pour me réduire à l’épaisseur de timbre poste. Si les cent vaches doivent défiler devant la tente, humer et laisser de la bave dessus en agitant leur grosse cloche, la nuit risque d’être bien longue d’insomnie !
8°C à 20h00 sous la tente et le spectacle du soleil couchant venant taper de ses derniers feux sur la falaise blottie dans l’azur réconforte de bien des efforts.
Carte, horaires et élévation de terrain de la semaine à venir
 
Carte disponible au téléchargement.
300 DPI, format A4. Référence : gr5.3

Date de création : 14/02/2008 @ 08:11
Dernière modification : 22/04/2008 @ 19:30
Catégorie : ALPES - GR5
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