Texte à méditer :  Entre le ciel et la terre, il n’y a qu’une demeure temporaire.   BOUDDHA
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ALPES - GR5 - JOUR 45
45e jour – 4 août 2005 (+ 18 de Thonon)
 
Du lac Miroir au col du Vallonnet
 
Le terrain était plutôt agréable et douillet au bord du lac Miroir (ou lac des Près Soubeyrand) mais il manquait un petit quelque chose à la température nocturne, trois fois rien. La fin de la nuit passée à tourner et à retourner dans le duvet pour tenter de me réchauffer à livrer son secret. Pas étonnant que j’ai eu « un peu froid », car au matin, la tente est toute rigide, comme contractée par un corps étranger semblable à de l’amidon. On y est presque car le double toit est recouvert de givre. 2287 mètres et presque l’hiver en plein été ! 

Il faut beau, les sommets et cimes environnantes se reflètent avec avidité dans les eaux tranquilles du lac, tel Narcisse aux premières lueurs de l’aube.
14°C au départ à 8h49, alors que le paresseux soleil vient à peine de titiller le coin de la tente.
Le second lac de la journée, situé 128 mètres plus haut est distant d’environ une petite heure. Plus beau, plus vaste, dans un environnement lunaire différent, le lac Sainte Anne se profile au bout des pistes de ski.
Voilà bien un type de « sentier » qu’il est contraignant et peu réjouissant d’emprunter. De larges pistes certes dégagées de ronces, d’orties ou de hautes herbes qu’on aborde avec précaution, mais en contrepartie, il faut marcher sur un sol dur de cailloux et des pentes à bon degré. En général et lorsque cela est possible, il vaut mieux marcher sur les bords de la piste, là où il y a moins de graviers et cailloux. A moins bien sûr qu’un 4x4 ne soit passé par là pour vous ouvrir la piste ! Point de tout terrain mais un hélicoptère s’affaire à acheminer du matériel lourd sur les pistes nouvellement créées en rognant un peu plus sur la nature et son intégrité. Benoîtement comme un gentil et crétin utopiste que je suis, il m’avait semblé que nous étions ici et pour des kilomètres à la ronde, aussi loin que porte le regard et au-delà des cimes encore, dans le Parc naturel du Queyras.

Apparemment, « Parc » ou « pas Parc » c’est la même chose ?

 Un plateau avec à son extrémité une lointaine cabane de berger, un chien Patou qui aboie à des centaines de mètres à la ronde, quelques derniers lacets sans difficulté et voici la chapelle Sainte Anne (2415 m). Posée en surplomb elle semble veiller sur l’impressionnant cirque de montagne entourant le lac naturel aux eaux miroitantes. Presque mille mètres de verticalité domine les lieux et ferait un vertigineux et ultime promontoire à la belle Loreley !
Une croix de bois de belle facture datée de 2003 témoigne de la présence régulière de l’homme. Un pèlerinage a lieu ici le 26 juillet. Trop tard.
Temps splendide qui le restera toute la journée.  
Les abords du lac, pentus et parsemés de pierres ne sont pas propices au bivouac. Il vaut mieux continuer en direction du col Girardin. Quelques buttes en terrasse amènent à un immense vallon situé au pied de la grimpette vers Girardin. Ici le bivouac se fera sans peine, à moins d’être dérangé par quelques marottes nonchalantes.
Le sentier tout du long dans du schiste est bien visible, balisé avec soin. Le marquage se fait d’abord sur de grosses pierres comme il se doit et dans la pente de schiste où celles-ci débaroulent ou n’ont pas de prise, on a tout simplement planté des piquets métalliques qui sont autant de fils d’Ariane. Excellent balisage, même par brouillard. Je parle d’expérience, car à l’automne 2003, j’étais passé ici, en sens inverse. J’avais été accueilli à col Girardin par une belle averse de neige, une visibilité dépassant à peine le bras et un vent tourbillonnant glacial. Le balisage m’avait conduit sans encombre à la chapelle Sainte Anne et au lac Miroir, noyé dans les brumes et rendu invisible, depuis le sentier qui le borde ! 
L’ascension du col Girardin n’est d’aucune difficulté ni dangerosité.

Vu la qualité friable de la pente, on évitera de couper le sentier, au risque de le détériorer encore plus.
Du col Girardin (2700 m) atteint en une heure depuis la chapelle Sainte Anne, on voit presque le bout du monde ! Disons plus raisonnablement qu’on a une vue plongeante sur le lac et la microscopique chapelle, avec Ceillac en perspective. Des pics, des sommets, des massifs tout autour. Dommage que le temps et la force manquent pour grimper encore plus haut. Le panorama de cette petite baraque d’observation, située à gauche du col (en direction de la tête de Faviere) doit combler ceux qui ont la chance d’y monter…
Une autre fois sans doute ?
Le vent souffle, en plein soleil à 10h30, il ne fait que 10°C.
 
Le versant sud du col Girardin n’a rien de comparable. Difficile de croire qu’il s’agisse des deux pendants d’un même sommet. Ici, la verdure est plus présente, avec cinq à dix minutes plus bas, une douillette prairie herbeuse et grasse. De gros rochers tombés là servent de piédestal aux marmottes.
Un appréciable ruisseau coule à quelques pas.
La cabane Girardin pourrait sans doute faire un abri en cas de mauvais temps. Cela reste du conditionnel, car je ne me suis pas rendu à ce microscopique amas de pierres d’apparence bien décatie entourée d’un enclos de pierres sèches. 
Plus bas, j’interroge le dernier d’un groupe de jeunes car je trouve leurs sacs à dos bien volumineux avec des sacs plastiques surnuméraires ballotants ici et là au rythme saccadé de la lente ascension. Lui n’a aucune idée sur la destination de la rando. Il se contente de suivre bêtement, dit-il. Ils sont partis pour 9 jours. J’en ai déjà 45 au compteur, avec un sac moitié moins gros. Il interpelle son copain en disant que pour en arriver à marcher autant ils ont encore des efforts et de la route à faire.  
 
Moi aussi d’ailleurs, car approche la bifurcation entre les directions de la Barge et de Maljasset.
Jusqu’au panneau tout va bien encore : de l’herbe et des terrasses tranquilles, ensuite attendez-vous à quelques dizaines de minutes
« entre ciel et terre ».
 
Si d’aventure vous décidiez d’aller sur Maljasset (1h20), voilà ce qui vous attend :
Cette partie du sentier, sur un sol de terre nue, battue, est particulièrement pentue, avoisinant sans doute les 45 degrés par endroit. Où peu s’en faut. L’importante déclivité rend indispensable l’utilisation de bâtons, dans les deux sens de marche. Avec le poids du sac et les petits gravillons du sentier où les chaussures n’ont guère de prise, on est très vite emporté dans la pente. Il faut descendre précautionneusement, à petits pas lents et comptés. Parfois on a l’impression que seuls les cairns pourront nous arrêter ! Le passage le plus « douloureux » se situe au niveau du coude du sentier, lorsque celui-ci change d’orientation, la pente semble accentuer avec lui. Parfois aérien, ce sentier peut soulever le cœur. Vue imprenable sur le hameau de Maljasset dont on semble être à la verticale. Pendant une bonne demie heure, il en est ainsi de ce sentier particulièrement coriace à la descente. La pente redevient plus praticable un quart d’heure avant Maljasset. Et que dire de ce sentier à la montée ???
Réalisée l’année suivante (2006), cette descente me rappelle par certains aspects de verticalité celle des lacs des Sept Laux,
en direction du Rivier d’Allemond…
 
Pour l’heure, nous empruntons l’itinéraire de droite, en direction de la Barge :
Moins difficile que celui de Maljasset, ce sentier comporte une « légère difficulté momentanée ».  
Je me rappelais bien d’un étroit sentier dans le schiste, pas spécialement horizontal et surplombant un peu le vide. Secrètement, j’avais surtout espéré qu’en deux ans, on ait amélioré la qualité, voir la sécurité du sentier. Hé ben non… Dommage pour moi qui ai le vertige. Je ne m’attarde guère dans les cinquante mètres les plus difficiles pour moi, où réside un passage étroit de schiste, en surplomb et en devers…
Tout ce dont je raffole est rassemblé dans ce corridor à franchir avec beaucoup d’attention.
Au-delà le sentier descend progressivement à travers les croupes de la montagne, jusqu’à atteindre la forêt puis les derniers lacets mènent aux portes du hameau solitaire.
A voir ce hameau misérable j’ai l’impression d’être dans le film « le Christ s’est arrêté à Eboli ».
Un hameau de maisons en pierre ruinées, noyé de chaleur où subsistent quelques rares vieux qui ne se montrent pas et n’attendent rien. L’antique route défoncée fait office de rue principale. On passe devant la chapelle et la boite aux lettres mangée de rouille scande les jours qui s’étirent, indolents. Lourde atmosphère de pesanteur et de temps qui fuit, pour rien. La fontaine à la sortie du hameau est toujours aussi fraîche. C’est ce que dit une famille de marseillais, en des termes plus provençaux :

« Pechère qu’elle est glacée. Tu la boirais toi ? »

Et l’autre de répondre par la négative avec des intonations à la Pagnol. Assoiffé, je ne me pose pas ce genre de question sur la température idéale du Ricard en remplissant ma gourde et buvant à pleines gorgées !  
Si la descente du col Girardin ne vous a pas séché, sans doute le panneau indiquant Fouillouse à 10,5 kilomètres viendra a bout de vos dernières forces ? Longue est la route sur ce bitume malaisé aux chaussures de rando. Pas spécialement agréable comme étape de liaison.
Admirable journée avec 26°C à la Barge. 
A environ 2/3 de la route, le long de l’Ubaye, la chapelle Saint Antoine (1h depuis la Barge) est une halte obligatoire. Tant par la qualité de sa fresque murale que par l’ombre prodiguée avec parcimonie par les bâtisses accotées. Le petit carré de pelouse tondue rase vous semblera moelleux en comparaison du bitume écrasé de cagnard des heures passées. Pause pique-nique pour alléger le sac et reprendre des forces : deux en un !
Au niveau de l’antique four à chaux, la vue sur le pont du Châtelet donne l’illusion d’une étroite passerelle de pierre donnant accès à un secret château de légende, défendu par un goulet resserré suspendu au dessus de l’Ubaye. Pour défendre la région, subsistent aussi ici et là d’anciens blockhaus et murailles blindées cachées sous des monticules de verdure. Une porte blindée renfermant des couloirs sinueux s’enfonce dans la colline, plus loin des restes de barbelés rouillés témoignent de l’acharnement des hommes qui à défendre ou à conquérir la contrée.
Au-delà du pont et des minis tunnels, le balisage propose de bifurquer dans les bois… Pas très envie de me farcir un bien inutile sentier (parcouru en 2003) qui rallonge incontestablement avec un dénivelé bien plus important que la route elle-même.
« Fouillouse, Fouillouse, 2h20 d’arrêt ! »
Salutaire pause au gîte d’étape à l’entrée du hameau. Le temps de boire deux Orangina glacés, de prendre quelques notes et surtout de laisser passer les heures les plus chaudes de la journée (15h à 17h20). Il n’y a pas de réseau téléphonique. Si l’envie vous prend de vous faire appeler à la cabine téléphonique située plus haut sur la place, voici le numéro ! : 04.92.84.35.53. Si vous n’avez pas de carte de téléphone, pas de souci : le gîte d’étape en propose, avec un peu d’épicerie.  
En passant devant la chapelle, on quitte progressivement Fouillouse qui demeure comme la seule étape d’importante et de qualité aujourd’hui, si l’on veut téléphoner, se ravitailler ou trouver un hébergement.
Mon hébergement est prévu au col du Vallonnet que bien vite on distingue dans le lointain. La fin d’après-midi est une douceur sucrée pour la rando : il fait moins chaud, la lumière est belle et aussi parce que les randonneurs quittent les alpages un à un, me laissant seul monter à travers les vallons jusqu’au facile col du Vallonnet. Un petit bois de mélèze débouche sur un replat avec de nouvelles ruines de blockhaus. Aucune difficulté d’orientation, le col est bien proche. Le sentier est coupé de flaques débordantes ou de quelques ruisseaux. Je conseille de prendre de l’eau lorsqu’on doit franchir une petite passerelle de bois. Une dernière butte en terrasse et l’on se retrouve immanquablement au pied du col. Fouillouse n’est plus qu’un souvenir dans le lointain. Quelques raidillons pas trop difficiles au milieu des plants de myrtilles en attente de saison propice et nous voici arrivés sur une pelouse moelleuse à souhait, comme celle de ce matin au lac Miroir. Le col du Vallonnet (2524 m) et le lac qui le borde sont frontaliers de l’Italie, puisque derrière ces hautes murailles d’apparence infranchissables, un autre pays commence.      
Le lac du Vallonnet Supérieur donne l’image d’une grosse marre peu profonde, naturelle, qui s’évapore inexorablement. Quelques marmottes dégustent entre les rochers un peu d’herbe tendre sans trop se soucier de moi. Les derniers rayons du soleil illuminent le col de la Stroppia (2865 m) surplombant les eaux endormies.
Le repas ce soir se prépare sous la tente, porte fermée, car il y a un peu de vent frais (vent frais, vent du matin !…) et que le soleil passé derrière la montagne cède trop vite la place à l’ombre froide et implacable. La soupe ce soir est appréciée à sa juste valeur !
Le froid s’installe et je me couche encore plus tôt qu’à l’ordinaire, vers 21h15.
Comme quoi, une lampe frontale n’est pas forcément toujours indispensable en randonnée, quand on se couche avec les poules !
 
 

Date de création : 11/05/2008 @ 13:47
Dernière modification : 11/05/2008 @ 14:07
Catégorie : ALPES - GR5
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