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CHARTREUSE - GR9 - JOUR 3
3eme jour – jeudi 17 juillet 2008 De l’habert de l’Aup du Seuil à Montjalat (Le Sappey en Chartreuse)
Troisième journée de randonnée et déjà l’avant dernière aussi !
Réveil en douceur sous un ciel instable et chargé. Le petit coin de pelouse à un jet de pierre de l’habert de l’Aup du Seuil semble vraiment être le plus propice au bivouac. 7h00, un bruit sourd martèle le sol de manière cyclique, désorganisée mais en progression certaine. Un bon troupeau de vaches vient se désaltérer à l’abreuvoir. Six ou sept alignées boivent à l’abreuvoir alimenté par un tuyau depuis le vaste réservoir situé en arrière. Hier j’ai puisé de l’eau à ce même tuyau, certain de boire une eau presque propre, puisque les vaches viennent boire au seul abreuvoir et pas au bassin de rétention situé derrière. Hein ? Enfin c’est ce que je pensais jusqu’à voir deux vaches sans plus de manière plonger leur grand cou dans le bassin. Petite déception à regarder les vaches plonger leurs larges babines dégoulinantes dans le réservoir. En même temps… en montagne il faut tout partager, même avec les vaches.
L’itinéraire de ce début de matinée remonte le vallon de Marcieu, toujours aussi bosselé et impropre à un bivouac réparateur. Juste sous le col de Bellefond, avant de bifurquer en direction du sentier dans les éboulis, une large cuvette herbeuse saura satisfaire les plus exigeants. Pas d’eau par contre, mais de beaux rhododendrons en fleurs. Une vingtaine de minute d’ascension facile permet d’admirer le vallon de Marcieu et les crêtes de l’Alpette offrant passage vers le plateau du Touvet. Du col, la vue est imprenable sur le Roc de Bellefond (1922 m), arête Sud des Lances de Malissard. Le sentier bien tracé dans l’alpage plus pentu sur ce versant mène à la cabane de Bellefond qu’on n’aperçoit pas immédiatement du col. Cela a le mérite de laisser planer le doute sur la qualité esthétique de l’ouvrage plus longtemps encore ! Au Sud on voit distinctement le sentier vers la Dent de Crolles. Compter 25 minutes de descente tranquille sur les nombreux lacets conduisant à la cabane de Bellefond (1620 m). La seule bonne surprise du lieu tient en la présence d’eau : un tuyau d’arrosage tout bête sort de la colline et déverse le précieux liquide dans un abreuvoir en métal. La présence de cette fontaine n’est mentionnée ni dans le topo guide (on s’en serrait douté), ni sur la carte IGN au 1/25000e (ce qui est plus préoccupant). La cabane est fermée, réservée au berger. Lequel ? Pas encore vu de berger en activité à proximité des cabanes qui sont réservées pourtant à leur seul usage… Pas de troupeau non plus. Peut-être le berger a-t-il déserté les lieux, car cette cabane en bois donne l’impression inéluctable de plonger doucement dans une lente agonie. Pas encore une ruine, mais pas très reluisante non plus. Bivouac impossible aux abords car elle de plus située sur un étroit promontoire.
Pour la suite de l’itinéraire, j’opte pour la variante contournant largement la Dent de Crolles, laissant ainsi de côté les nombreux passages délicats, en surplomb, dont je ne raffole pas pour cause de vertige. Ici, même au plat, par endroits le sentier est tout simplement glissant. Imaginez ce que cela doit être le long des parois de la Dent de Crolles… Direction le col de la Saulce (1480 m) perdu dans un petit vallon herbeux, noyé de verdure luxuriante et qui n’a pas connu de troupeau depuis belle lurette… Même trois ou quatre chèvres, parquées là quelques jours permettraient un débroussaillage convenable qui serait fort apprécié des promeneurs ou randonneurs. Le sentier, largement boueux n’est dès lors qu’une succession d’herbes hautes, atteignant l’épaule ou la dépassant et envahissant la mince bande de terre du sentier. Oups, bientôt plus rien au sol ne permet d’apercevoir le tracé original. Seuls les bâtons consentent sinon à avancer, du moins à écarter les tiges, feuilles ou herbes d’un ton uniforme parodiant à merveille la jungle amazonienne. L’ennui vient vite en de pareille circonstance et je pense à la pauvre Ingrid Betancourt dont on nous a tant rabattue les oreilles. La malheureuse marchait aussi dans la jungle (300 km par an) sans sac à dos Chanel ni saharienne estampillée Dior. Quel calvaire. Ca méritait bien de donner la légion d’honneur à la Barbara Gould colombienne !!! Penser à autre chose, rire intérieurement permet d’avancer sans trop s’en rendre compte. On avance bien sûr, sans trop avoir de points de repère. Une herbe haute au milieu d’un champ d’herbes hautes ne peut être un repère en soi ! Un Lys martagon ayant poussé au bord du sentier, marque l’inflexion de celui-ci, le coude invisible à discerner dans la progression. Bien vite il n’y a plus ni trace, ni sentier ni rien, le flou intégral, le vert envahissant.
Je me sais pas perdu et poursuis donc cette descente sans plus de tracas, trouvant même le changement radical avec un bon vieux sentier large et balisé assez appréciable, tant que l’expérience ne se prolonge pas au-delà du nécessaire. Une piste forestière pour débardage envahit de ronces et d’orties et au bout de quelques minutes, jonction avec un sentier de randonnée plus conventionnel avec ses panneaux indicateurs, son balisage propret et ses intersections. Une famille de vacanciers en promenade arrive au carrefour. Ils reviennent de la source du Guiers. La mère de famille me suggère d’y aller, c’est joli avec une petite grotte. Ils sont tentés par le col de la Saulce. Devant ma moue dubitative, la mère s’enquière de la beauté du lieu et la petite compagnie s’ébranle vers le col, aidée par des branches de bois mort faisant office de bâtons providentiels.
Perquelin (970 m) est la prochaine halte. Petit hameau oblong constitué d’un malingre alignement de maisonnées bien restaurées le long d’une route goudronnée en cul de sac. Belles fontaines, mais pas de réseau téléphonique ni de cabine. Pas d’alimentation ni ravitaillement bien sûr. A proximité de la bifurcation pour le col des Ayes, un vaste champ d’herbe rase bordé de divers feuillus ferait un coin de bivouac sympa. Un ruisseau coule à proximité. Le prochain col est ici indiqué à 2h05 de marche.
Sans trop m’en rendre compte, sans forcer l’allure et surtout sans trop m’arrêter je mets 1h20 pour avaler assez difficilement les 568 mètres de dénivelé. Le sentier parcourt d’abord deux bons kilomètres sur une piste forestière large et à l’inclinaison déjà gage de grimpette à fort dénivelé. Au-delà de la seule intersection d’importance, le sentier du col des Ayes est comme toujours en pareille circonstance, celui qui monte le plus à travers la forêt. Exceptionnelles sont désormais les portions planes ou de faible inclinaison. Le sentier alterne cailloux, gravillons et sol boueux avec toujours un important pourcentage. Au dessus de la forêt, à peine plus hauts que la cime des arbres, les nuages mêlés de brouillard cachent à la vue la face massive et verticale de la Dent de Crolles.
Les cailloux formant pavage archaïque sont bientôt inondés d’une eau cascadant de nulle part. La carte indique bien une source vers 1350 mètres. Mais pas de tuyau, d’origine, de source à proprement parler, sans doute noyée dans la végétation luxuriante. Le randonneur assoiffé fera sans doute mieux d’attendre le col des Ayes (1538 m), son panorama étriqué et sa fontaine à quelques mètres. 14°C à 14h30, vent frais et ciel couvert. Malgré la météo hasardeuse, les environs du col des Ayes sont parsemés de promeneurs, point de randonneurs en provenance de la Dent de Crolles, mais des familles pour la plupart en vacances. En vacances et donc pas d’ici ni habituées à la montagne comme cette mère de famille qui demande naïvement à ses enfants si on peut boire l’eau de la fontaine. En effet, ne risquent-ils pas d’attraper des maladies bizarres, une bonne courante ou une infection urinaire ? A moins que ce ne soit la scarlatine ou la fièvre bubonique ?!!! J’offre un large sourire en remplissant mes divers récipients car je sais pertinemment que c’est la seule eau avant bien longtemps. Alors potable ou pas potable, la question est mal posée. Il serait plus juste ici de demander :
Je préfère boire une eau « un peu douteuse » que l’on pourra toujours faire bouillir même modestement plutôt que de rester le gosier sec des heures durant sans savoir où ni quand trouver à me désaltérer. L’itinéraire jusqu’au proche col du Coq est d’une facilité enfantine, mais les nombreux passages boueux le rendent glissant. Le parking du col du Coq (1434 m) franchit, il est aisé d’atteindre le supposé emplacement de l’habert du col du Coq, par la route goudronnée. Là, un petit cabanon de béton protège un abreuvoir alimenté par une eau galopante. Evidemment, nulle mention dans le topo guide ni sur la carte IGN… Ceux qui pensaient pouvoir dormir à l’habert seront bien déçu car d’habert il n’y a, pas plus que d’abri. Rien ou pas grand-chose non plus pour bivouaquer avant le col de la Faïta qui ici est indiqué à 50 minutes. Au vu des conditions climatiques et des sentiers passablement boueux, on peut légitimement se demander si les indications horaires s’entendent par temps sec ou humide ! Mais c’est là l’une des grandes caractéristiques du massif de la Chartreuse, contrairement au Vercors (calcaire), ici l’eau demeure en surface durablement. Une petite journée de pluie et ce sont plusieurs jours de boue qui vous tendent les bras ! Quel chemin pour rejoindre le col de la Faïta ! Tout en sous-bois détrempé, le sentier de glaise sculpte au fil des passages l’historique des randonneurs : des pas partout, des petits précautionneux, de grandes enjambées, des pas qui dérapent et vont se perdre dans les fougères arborescentes, des pas embourbés qui piétinent et pataugent, se reprennent, des pas agiles et futés qui marchent sur le bord… quand il y en a. Je ne sais pas si j’ai mis cinquante minutes pour le col, mais longue fut cette marche d’approche dans la boue sur une très large moitié du parcourt. Le randonneur avisé, par temps de pluie ou humide pourra aussi gagner en propreté et rapidité, en suivant la route du col du Coq vers Saint Hugues. Au niveau du Pleynon, un sentier permet l’accès direct sous le col de la Faïta… Le col (1410 m) apparaît sur un éperon assez large, boisé et plat. On pourrait à la rigueur y bivouaquer, mais se serait dommage, car à une demi heure de là se trouve l’alpage de l’Emeindras de dessus, plus propice. Pour cela le GR9 suit la ligne de crête, longe un temps la falaise, reprend un peu d’altitude face au Bec Charvet (1738 m) et à la Dent de Crolles (2062 m) dans les nuages noyée. Face à nous, la verticalité imposante de Chamechaude (2082 m) les pieds sur terre, la tête dans les nuages.
L’Emeindras de dessus (1427 m) est un vaste alpage coiffant la colline bombée mais truffé de gentianes jaunes où il sera difficile ou fastidieux d’espérer trouver là quelques mètres carrés libres pour le bivouac. Aucune importance puisque les deux grands bâtiments devraient pouvoir vous accueillir. Laissons de côté l’immense grange pour la cabane. Vous vous en doutez, elle est aussi fermée, réservée au berger. Bla bla habituel. Au mieux un petit réduit façon porche pourrait ici servir d’abri. Bien couvert, mais largement ouvert aux quatre vents. De plus le sol de terre, cailloux et poussière donne à réfléchir avant de s’installer… La Chartreuse bien que belle est avare de ces prodigalités pour le randonneur harassé.
Et s’il est trop harassé, fatigué d’humidité ambiante, de boue, il pourra toujours prendre le sentier descendant immédiatement à gauche en direction du Sappey (via les Combes) et trouvera là meilleur intérêt. Le sentier poursuit en direction de Chamechaude que l’on a en point de mire malgré le plafond bas. Difficile de se méprendre sur l’orientation. Au niveau du col de l’Emeindras (1372 m), perdu en pleine forêt et jouxtant les crêtes, une source est indiquée. On pourra encore et pour la dernière fois descendre directement vers le Sappey. Au-delà, ce sont deux cents mètres de dénivelé supplémentaires pour quarante minutes de marche bien superflue par temps couvert et sans panorama sur Chamechaude hélas. Dans une trouée de végétation se distingue dans le lointain la bergerie de l’Emeindras de dessus et l’on ressent mieux le dénivelé et la distance avalés depuis peu. Quelques ultimes efforts puisés on ne sait où permettent de sortir de la forêt et de déboucher sur l’alpage verdoyant, à quelques pas de l’habert de Chamechaude (1570 m) où c’est décidé, on passera la nuit.
18h37, une distance et un dénivelé forts honnêtes depuis ce matin au départ du l’Aup du Seuil tendent à approuver la fin imminente de la journée de marche. Oui, enfin, c’est sans compter avec les aléas ! D’ordinaire climatiques ils sont ici même d’ordre quantitatif puisque une dizaine de retraités prépare des grillades, un gentil pique nique et sans doute une nuit dans la cabane. Les espoirs de nuit tranquille sous Chamechaude éclatent comme une belle et évasive bulle de savon. Totalement tétanisé, j’avale en toute hâte et total désordre les reliquats de mes provisions, tandis qu’à cinq mètres à peine les « joyeux retraités » du Sappey pour la plupart montés en 4x4 bruyants, malodorants et polluants dégustent un petit rosé bien frais et quelques parts de pizzas que personne ne songe à me faire partager.
Une heure de repos à reprendre conscience et sensation musculaire auprès de la cabane, suivi de quarante bonnes minutes de dégringolade le long de la piste carrossable creusée par les gentils 4x4 au panache obscur et l’on débouche au carrefour de Montjalat. Un champ d’herbe rase, totalement en pente assurera contre toute attente le bivouac quotidien. Il est déjà 20h05 et l’épuisement a depuis longtemps pris le pas sur la fatigue.
Durée effective de marche : 8h47.
Date de création : 06/08/2008 @ 11:21 Réactions à cet article
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