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PYRENEES - GR10 - JOUR 35

Jour 35 – Dimanche 15 août 2004

 
Réveil 6h00 – Lever 6h50 – Rasage ! – Départ 8h23 – 10°C
Agréable et douce nuit passée au bord du petit torrent de Pressasse. J’ai fait ma nuit d’une traite, sans me réveiller. Je suis en progrès, à moins que ce ne soit la fatigue accumulée qui commence lourdement à peser ?!!! Fait pas très chaud ce matin, autour de 10°C seulement, dans l’ombre et avec une petite brise. Mais l’envie et le besoin sont les plus forts, je me jette à l’eau… enfin je m’approche à pas feutrés du ruisseau (dont l’eau a un goût de terre lancinant), et commence par nettoyer ma gamelle. Ensuite, malgré le froid du matin, c’est une satisfaction de pouvoir se raser et se sentir un peu propre. Hier au gîte de Mérens, il n’y avait personne à part la chauffeur de car. J’aurai pu à loisir me raser et prendre une bonne douche. Je ne l’ai pas fait, je n’ai pas osé. Agréable rasage en fait qui me redonnerait presque allure humaine ! Ma cheville droite est toujours un peu longue à chauffer et je fais les cent pas pour la réveiller et la préparer au mieux à cette nouvelle journée de marche qui s’amorce sous de bons auspices favorables car il va faire beau. Mes lacets manifestent eux aussi de signes évidents de fatigue prématurée. Surtout le gauche que je sers la matin venu, avec beaucoup de retenue et d’angoisse aussi qu’il me pète dans les mains, comme le lacet droit l’avait fait à Biriatou, 2h30 seulement après le départ d’Hendaye ! Chaque matin, je pense donc au vendeur de Go Sport avec la hantise d’avoir deux morceaux de lacets dans les mains. Allez les petits, tenez encore un peu, disons une semaine encore. D’ici là on devrait voir la mer… Donnez-moi juste une semaine, ensuite…
Tranquille petite montée jusqu’à l’étang intermédiaire situé dans un joli petit écrin de bois et de pierres. J’accuse le coup de la seconde partie de l’ascension du Porteille des Bésines. Pour me reposer un peu, j’herborise de temps en temps, cela me permet de souffler deux minutes, de reprendre mon souffle et mon courage à deux mains aussi ! Fin de parcours dans les éboulis, mais sentier bien tracé, j’allais dire presque nettoyé. Le col est dans l’ombre. Je fais tout de même un pano. On distingue le refuge des Bésines, en bas. Un troupeau de vaches pâture sur le replat herbeux, au soleil. Une famille belge arrive du refuge. Le père est le sosie de Spielberg et le fils a un altimètre autour du cou. Vieux modèles de sacs à dos. Ils marchent quelques jours, autour de tel et tel sommet. Le père dit que c’est beau mais que ça monte beaucoup et qu’en plus ils ont des sacs lourds. Heureusement dit-il, qu’on n’est pas parti de zéro.
« Moi, je suis parti de zéro ! »
Le fils réagit : « de la mer ? ». Oui, et je vais à Banyuls. Le père demande en combien de jours. Il propose un mois. De toutes les personnes rencontrées jusqu’alors, il est le seul à s’approcher du juste prix, pardon du chiffre idéal. 35 jours en fait. Ils descendent sur Mérens, et moi au refuge des Bésines. Quel beau refuge que celui-là ! Neuf d’aspect, grand, avec beaucoup de bois et bien situé. Comme j’aimerai y travailler ! Une mule remonte lentement le sentier, traînant difficilement entre ses pattes avant un piquet auquel elle était attachée, et peine à venir boire au refuge, dans un seau. Triste spectacle.
Le col de Coma d’Anyell n’est absolument pas celui auquel je pensais, vu du refuge ! D’ailleurs on ne l’y voit pas. Montée en terrasse herbeuse le long d’un ruisseau et de ses nombreux méandres mi marécages, mi tourbière. Cinq ou six rainettes qui tressautent sur le sentier. Beaucoup de bons emplacements pour bivouaquer. La dernière partie est un peu en éboulis et nous y voilà ! Subsiste encore quelques plaques de neige. De l’autre côté, vue sur l’étang de Lanoux. Quelques rapaces dans le ciel. Pas à me guetter, j’espère ! De gros nuages à l’aspect laiteux arrivent de l’ouest, en direction de l’Est. Ils sont nombreux et de plus en plus gros. Pas d’averse ce soir, hein ?!!!
Au bord de l’étang de Lanoux, je croise un couple de jeunes, apparemment pas des randonneurs fous car ils n’ont pas d’équipement approprié : Lui a un sac pour le lycée, au bas duquel pendouillent leurs deux énormes duvets, en jouant au pendule, à chaque mouvement. Elle, porte un petit « sac à dos » de ville de 15 litres ! Les voilà bien équipés ! Mais ils ont un topo guide. Est-ce pour autant rassurant ?!!! Il me demande la direction du lac des Bouillouses. Je réponds que c’est balisé et qu’il suffit de suivre les marques. Oui, mais il y a deux GR qui se croisent ici me dit-il : le GR10 et le GR7. Ils s’en vont de leur côté et moi du mien, sûr de moi, car le balisage est « de mon côté ».
Je le suis sans trop regarder la mini boussole qui, toute mini qu’elle soit, indique le Nord autant qu’une grande ! Et voilà que je monte et monte encore, en m’enfonçant dans la montagne plein Nord, alors que la direction idéale et à l’Est, comme d’hab ! Et je trouve ça normal !!! La vue est belle sur le lac. Je trouve le temps long et trouve aussi des gentianes. Là, ça aurait dû me mettre immédiatement sur la voie ! Car la dernière fois que j’ai trouvé des gentianes, c’était au dessus de Arette la Pierre Saint Martin et je les avais trouvées car je m’étais planté de chemin. Mais je ne m’en fais toujours pas. Sauf que quand arrive le panneau d’entrée dans la réserve d’Orlu, là je commence à comprendre mon erreur… Je me hâte de faire demi-tour, et par un autre sentier, je rejoins le plateau que je traverse à grandes enjambées, en direction de l’Est et de cette Portella de la Grava (2426 m). Heureusement que l’on a eu la bonne idée de peindre le nom sur une pierre, car sinon on ne saurait pas où on est. Sont un peu chiches sur les panneaux en bois, dans la région…
Descente dans la plaine herbeuse, où je rattrape le jeune couple et leur dis :
« il y avait effectivement un petit piège dans le balisage ! »
Il sourit. J’accélère le pas, pour atteindre le lac des Bouillouses pour 18h00, où j’espère trouver du réseau. Pas mal de monde sur le sentier, à l’approche du barrage. Des randonneurs du dimanche, des familles, des gens qui lambinent et qui m’énervent un peu, car ils n’ont que ça à foutre eux, de marcher deux heures dans la journée. Ensuite ils rentrent sagement chez eux, mangent et prennent une douche. Tel n’est pas mon cas : je dois trouver un endroit pour la nuit, monter la tente, ranger mes affaires, chercher de l’eau et préparer mes sachets de bons produits lyophilisés, pour n’être allongé qu’à partir de 20 heures seulement…
Rien d’intéressant au lac des Bouillouses. Gros barrage, une colonie, un gîte, un restaurant aussi apparemment, quelques maisonnettes et beaucoup de monde que je me hâte de fuir. Je m’arrête 35 minutes plus tard auprès de ce que l’on a pompeusement baptisé « refuge de l’étang de Pradeille » qui n’est qu’une grosse cabane au bord d’un lac infesté de moustiques. Je plante ma tente. Des curieux passent sur le sentier. Deux randonneurs suisses viennent bivouaquer près du « refuge ». Il n’y a pas d’eau qui coule, aussi vais-je m’approvisionner dans le lac. Les suisses me proposent une pastille de Micropur que je refuse poliment. J’ai bientôt traversé les Pyrénées en buvant presque tout, presque n’importe où, alors je ne suis plus à ça près !
Quasiment pas de bébêtes dans l’eau puisée dans le lac. Quelle bonne surprise !
Repas du soir :
-          1/2 soupe « jardinière de légumes » - la fin
-          1 presque sachet de purée
-          1 bolino hachis Parmentier miraculé qui me reste du départ et qui me restait encore…
-          1 sachet de semoule super sucrée
-          1 double thé bien sucré.
Ce soir, de ce que j’ai acheté à Aulus, il ne me reste pas grand-chose : un peu de sucre, un fond de sachet de biscuits pour chien, 2 soupes et 3 sachets de purée. Oui ça, la purée je n’en manque pas, mais ce n’est pas ce qui est le plus nourrissant hélas. Acheter des provisions jusqu’à Arles sur Tech, me gaver un peu demain à Bolquère, atteindre ou approcher du refuge de l’Orry (1810 m).
J’ai calculé de manière certes un peu euphorique qu’il me restait encore 7 jours de marche avant d’aller enfin au bout, à Banyuls. Espérons que le compte soit bon, car maintenant que je suis sorti de l’Ariège (Dieu merci !), il me tarde de sortir des Pyrénées !!!
J’ai toujours mes 6,20 euros, rescapés d’Aulus !
Couché à 22h45 – 14°C sous la tente.
 
8h41 de marche effective
 

Date de création : 22/08/2008 @ 11:32
Dernière modification : 22/08/2008 @ 11:34
Catégorie : PYRENEES - GR10
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