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PYRENEES - GR10 - JOUR 37
Jour 37 – Mardi 17 août 2004 Réveil 6h00 – Lever 7H10 – Départ 8h30.
Il n’a pas fait froid cette nuit, car j’étais encore à assez basse altitude : 1685 m. Le bivouac est dans l’ombre, le soleil se levant de l’autre côté de la montagne, mais le temps semble prometteur d’une belle journée de marche ensoleillée.
Petit déjeuner, pour se mettre en conditions et me motiver. Et il faut bien y aller, car on ne peut pas rester ici, Banyuls ne viendra pas à nous sinon ! Le graphique de montée vers le col Mitja le donnait exceptionnellement difficile. Là encore le petit graphiteux de la FFRP s’est planté, comme d’habitude. D’abord quelques lacets faciles à travers les plants de framboisiers et une véritable accentuation du dénivelé pour contourner un éperon rocheux à sa base. Passage en sous-bois et bon faux plat montant. Jonction avec une piste et arrivée sur un vrai plat, dit « plat des Collets ». Le col est encore un peu loin, mais on le distingue en haut à droite, sur cette croupe herbeuse. Légère montée jusqu’à un abri de pierre où un chien Patou était tranquillement assoupi. A mon approche, il relève la tête et constatant avec bon sens que je ne représente aucune menace, il replonge la tête entre ses pattes. En se retournant, on a déjà un panorama sur la vallée, avec les villes de Mont Louis, Bolquère et autres, en fond. Long faux plat presque horizontal de 200 mètres. Pour un col dont la montée devait être continue, ça marque mal !!! Plusieurs petits ruisseaux coupent le sentier. L’italien et l’espagnol rencontrés avant Mérens m’avaient dit qu’à partir de là, il y avait de l’eau partout et je suis heureux de constater que toutes les heures au maximum, on a la possibilité de remplir sa gourde.
Il reste une petite demi heure jusqu’au col, à grimper à flanc de colline, le GR coupant plusieurs fois la piste. Ce n’est pas parce la pente s’adoucit que le col est proche ! Adage personnel mille fois constaté. Mais lorsque le vent souffle plus fort, plus violemment et plus froid, on est en droit de supposer arriver au sommet, et on débouche sur ce grand plateau herbeux balayé par les vents. Derrière, de l’autre côté évidemment toujours pas la mer, mais d’autres montagnes qui barrent l’horizon, sensiblement à la même altitude. Je fais un pano et discute plus d’une demi heure avec un couple franco-allemand qui s’est octroyé deux jours de rando sans leurs enfants en bas âge. Ils sont bien sympas. Lui s’appelle Christophe Smolarski et le destin voudra qu’on se revoie l’année suivante lors de la traversée de la France, à marcher ensemble une journée sur le grand ballon d’Alsace… (Voir le récit de la traversée des Alpes). Arrivée alors du « randonneur Tournesol », un peu éberlué, comme à son habitude. Il se joint à la conversation un temps, avant de descendre l’autre versant du col. J’apprends que depuis le Canigou (2784 m tout de même, on voit la mer par temps clair…). Descente en douceur et tranquille sur le refuge de Ras de Carança. Le GR coupe en des raccourcis une multitude de fois la piste. Le « randonneur Tournesol » perd le GR et ne voit plus de balisage. Il fait demi tour et s’en va dans la mauvaise direction. Sûr de moi, je suis la piste et vois le balisage. Je prends alors mon sifflet et rappelle le « randonneur Tournesol » déjà bien loin. Je lui fait signe et descends sur le joli petit refuge de Ras de Carança où paissent des vaches et un âne avec beaucoup de liberté et de curiosité. Pause chocolat. Le « randonneur Tournesol » arrive bientôt, me remercie pour le coup de sifflet et poursuit sa route. On se dit : « à tout à l’heure ».
Pour une fois, et c’est assez rare pour être signalé, le graphique du topo guide a été clairvoyant, car après le refuge de Ras de Carança, ça monte un peu et descend d’autant ! C’est bien petit gars, tu es en progrès ! Quelques ruisseaux, deux petites grenouilles et passage en sous-bois jusqu’à une clairière où les choses sérieuses commencent. Je retrouve le « randonneur Tournesol » en compagnie d’un autre randonneur vu la veille au refuge de l’Orry. J’avais d’abord cru qu’il était avec le groupe de jeunes, mais en fait, il fait aussi le GR10 depuis Hendaye. Nous sommes ainsi 3 valeureux et courageux fous ! Je ne m’arrête pas et continue tout doucement vers le deuxième col de la journée. La montée devient plus rude, la fatigue plus intense. Les semelles des chaussures butent sur les pierres, le bâton manque d’accroche. Un replat herbeux qui donne l’illusion d’être au sommet, cache le col del Pal, à cinq minutes encore. Autre grand plateau où le vent souffle encore plus violemment qu’au col Mitja, situé juste en face et dont on voit très distinctement les derniers lacets. Dans le ciel, les nuages filent à toute allure en direction de l’Est. Je fais un pano et les deux autres arrivent. On discute rapidement, puis on s’en va bien vite car il fait vraiment froid avec beaucoup, beaucoup de vent. La descente sur Mantet commence par un long faux plat de deux bons kilomètres à flanc et en plein vent, avant de descendre sec en lacets courts jonchés de pierres, de gravier, de racines. Dans le vallon en bas, on distingue très nettement une grosse yourte mongole. Mais hélas le GR ne passe pas à côté. Dommage, j’aurai bien aimé y jeter un œil. A l’intersection avec la cabane des Allemands, je pose mon sac. Il n’est que 15h00 et pourtant l’heure fatidique de la fatigue optimale et sans retour a déjà sonné… D’épais et lourds nuages blancs puis gris, menaçants à souhait surgissent de la montagne et filent sur Mantet. Je ne m’attarde pas, car il y en a encore pour une heure, pour atteindre ce joli petit village aux maisons de pierres grises, aménagé en terrasses. La cabine téléphonique du village, située à côté de la maison de la nature ne fonctionne qu’à pièces. Etje n’ai que 3 billets de 10 euros ! Je vais donc demander de la monnaie à la maison de la nature, où l’employée explique des trucs à une dizaine de touristes. 3 femmes me proposent 20, 50 centimes et 1 euro. Je suis comblé !
J’abandonne mes deux randonneurs au gîte et pars, sans aucune motivation, envie ni force, à l’assaut du troisième col de la journée, le petit col de Mantet. Descente en 1h50, par le GR décrivant des raccourcis et coupant la route. Passage devant un panneau marquant l’emplacement de la Méridienne Verte. Arrivée à Py, par un vieux chemin en voie pavée. A l’entrée du village, quelqu’un a dessiné une tête de mort à la craie, à côté de l’inscription GR10. Tout un programme. Fatigué au dernier stade, je vais planter ma tente après le panneau d’information, passé un petit pont de pierres. 19h05, enfin arrivé à Py, but de cette nouvelle journée de marche à pas forcés ! 19h25, tente montée, affaires rangées et eau puisée au ruisseau tout proche. Chaussures enlevées, ouf. Je suis enfin « chez moi », à l’aise.
Repas du soir :
- 1 gruyère Emmenthal de 250 g, en plusieurs fois, tout au long du repas. J’aurai apprécié un peu de pain, mais bon…
- le 1/2 sachet de soupe restant (haricot et lard)
- 1/2 sachet de purée bétonnée
- 1 fond de semoule sucrée
- 1 tablette de chocolat Lindt « lait et éclats de noisettes ».
Tout ça fait avec 1,5 lire d’eau tout de même.
Une mini averse de cinq minutes éclate à 21h00. Et je me félicite qu’elle soit si sommaire, car l’étanchéité de ma tente l’est aussi : sommaire !
Idéalement, demain soir il me plairait d’atteindre le chalet des Cortalets (2150 m – 9h45 de marche…).
Un peu loin tout ça. A force… les forces manquent !
S’il fait beau ce sera déjà très bien.
Cela fait une bonne semaine au moins (à force je perds la notion du temps), que je n’ai pas eu de problème aux adducteurs, à mon grand contentement ! Pas de nouvelles ampoules non plus. Juste un mal persistant aux articulations : genoux et chevilles, mais d’ici 5 jours, ce sera finit, alors courage, patience et détermination et on en sortira de ces Pyrénées, comme on est sorti de l’Ariège !
Couché à 22h45 – 18°C sous la tente. Je dors évidemment en « pyjama ».
8h30 de marche effective
Date de création : 22/08/2008 @ 17:32 Réactions à cet article
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