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COMPOSTELLE - GR65 - JOUR 12
Jour 12 – 7 avril 2009 – chemin de Compostelle
 
Du gîte de St Julien Molin-Molette à une source captée après Coirolles  
 
Il est 20h00. Je viens de passer une bonne petite heure allongé dans la moelleuse tiédeur du duvet à reprendre des forces. M’en extirper pour m’astreindre aux quatre pages de carnet réglementaires et une obligation dont je me serais bien passé ce soir. Le lecteur ne pourrait-il pas pour une fois imaginer par lui-même quels ont été les points forts de cette douzième journée de rando ? Allez, si on essayait ? Comme ça je retourne plus vite au chaud dans le duvet !!!
Bon, je vous raconte quand même :
Départ assez matinal du gîte de Saint Julien Molin-Molette, à 7h45. Le baromètre affiche 941 Hpa. Pour gagner sans encombre Bourg Argental, le balisage grimpe à l’assaut des champs par le chemin du calvaire, engloutit deux ou trois lieux-dits et aboutit au col du Banchet (673 m). Vue dégagée sur Bourg Argental, en fond de vallée, au milieu des collines boisées. Du col on emprunte sur environ trois kilomètres une large piste forestière en descente et sans souci, jusqu’aux premières zones habitées de l’Allier. Le franchissement de la route au niveau du camping permet de se promener le long du ruisseau à travers une petite aire d’activités physiques. On croirait arriver tranquillement en faux plat au centre bourg, mais il faut encore gravir une bonne dizaine de marches en bois et plutôt élevées, reprendre un peu de hauteur, pour n’arriver que dans une vingtaine de minutes encore.
Passage obligé à l’église de Bourg Argental (531 m) car l’édifice mérite une visite appuyée. Le portail du XII e siècle finement sculpté pourrait en remontrer à d’autres églises bien plus importantes. A l’intérieur, luminosité et beaux vitraux sont compatibles. Une Vierge à l’enfant couronnée d’or inspire dévotion et fascination. Chants religieux en fond sonore. Office du tourisme fermé le mardi. A la sortie du village, les premiers panneaux routiers indiquent Le Puy à 74 kilomètres. Le parcours jusqu’à Saint Sauveur en Rue m’est apparu long et monotone. Peu de passages en forêt, sous-bois ou sentier, beaucoup de route goudronnée, de ces routes de quatrième catégorie qui ne sont utilisées que par de rares automobilistes locaux et avertis. Deux tunnels hors d’âge et fermés ainsi que de nombreux ouvrages d’art comme un viaduc ou de nombreuses maisons de garde barrière font penser que très probablement une voie ferrée de poche sifflait ici avant et reliait les petits hameaux en une pittoresque épopée. 1h40 pour arriver à Saint Sauveur en Rue (gare). Pas grand-chose à voir ou à faire, alors à quoi bon s’arrêter ici d’autant que le ciel menaçant se soulage de quelques averses sommaires. Point d’eau à l’entrée du village. Je suggère au randonneur qui a encore un peu de force et de volonté de les rassembler pour grimper tranquillement jusqu’à l’abri d’Aiguebelle, perdu en pleine forêt. Depuis le panneau l’indiquant à hauteur de Montgilier, ne vous attendez pas à y être trop vite. Un bon gros quart d’heure de grimpette en sous-bois est nécessaire. Là, en plein milieu de la forêt, vous trouverez deux tables de pique-nique et ce bel abri en bois, avec bancs et panneaux d’informations. Jusqu’ici j’ai marché en tee-shirt et bermuda, mais c’est bien fini ! Après la pause et le casse-croûte, ce sera pantalon, polaire et gants. 8°C avec du vent et des averses à 13h00. Deux à trois cents mètres plus loin, vu subrepticement un chevreuil sur le sentier. La montée se poursuit jusqu’aux abords du Tracol. Ici ce n’est qu’une grande aire plane, avec de-ci de-là des petites palissades tressées de feuilles et de branchage servant de camouflage aux chasseurs. D’après le topo guide, nous sommes ici sur la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Atlantique. Aucun panneau ou indication ne matérialisent ce phénomène géographique. Dommage.
Dans l’une des quatre directions possibles, un tout petit panneau bien trop discret  indique « les Sétoux ». Une autre route forestière large et facile grimpe doucement à travers bois. Quelques pans de neige subsistent, rien de bien méchant. Sauf que plus on prend de l’altitude et plus il y a de neige. Ainsi sur environ 1,5 kilomètre, il faut marcher précautionneusement sur de la neige faisant jusqu’à cinquante centimètres d’épaisseur. Fort heureusement, de précédents jacobites ont déjà fait la trace. Néanmoins le début du printemps rend la neige bien molle par endroits et l’on s’enfonce à chaque pas ou presque. L’agacement du à l’enlisement et à l’effondrement régulier de la neige, le poids du sac à dos accentué lorsque le pied s’enfonce de quarante centimètres font de ce passage un bien mauvais souvenir. Beaucoup de branchages cassés encombrent la piste. Au lieu-dit « Le Suc », le sentier s’infléchît et la neige disparaît progressivement. A la sortie du bois, le vent souffle en rafales violentes. Je dois baisser la tête pour ne pas perdre mon chapeau. Et c’est le vent qui, à grand renfort d’odeurs de fumier en plein visage annonce l’approche imminente du hameau des Sétoux (1142 m). Pas eu le temps de voir grand-chose dans la tourmente : des champs à perte de vue, des hangars de paysans et une vingtaine de maisons en pierre de pays. J’ai tellement froid que je vais chercher un peu de chaleur et de réconfort à l’auberge. Les chiens de la maison montent la garde allongés d’ennui à terre. Aucun n’aboie. Enfin des chiens habitués aux randonneurs ! Merci San Jacobi !
René, le patron peint une porte intérieure. On papotte de tout et des pèlerins. Les pèlerins commencent à arriver, mais il y en a eu dès l’hiver. Ce bonhomme au visage jovial et à l’accent qui me plait bien dit qu’en plein mois de janvier, il a vu passer un pèlerin à pieds. Il y avait tellement de neige, qu’il a du lui prêter des raquettes pour continuer ! René fait du ski à Villard de Lans (pas loin de chez moi) et aimerait aller randonner dans le merveilleux massif des Sept Laux. Aucun problème, les photos sont sur mon site !                
Du village des Sétoux, il faut environ 1h10 pour atteindre les cinq ou six maisons des Coirolles, en un sentier en sous-bois descendant bien. Sur la route, bassin et fontaine à Lhermet, un peu avant. Ensuite le dénivelé décrit une espèce de « M » tantôt en sous-bois puis dans les champs, ressort à la Flachère avant de dégringoler sur la route goudronnée à proximité d’une source captée bien visible d’en haut. Du sentier j’avais été alléché par ce beau champ plat adossé au ruisseau. Allez hop, il est 18h00, la journée a été prolifique en distance parcourue (peut-être quarante kilomètres ?), je suis claqué alors basta ! Pour la première fois depuis le départ de Genève, j’ai de l’eau à volonté et ne serais pas obligé de me rationner. 12°C sous la tente à 21h00. La pluie se met à tomber. Le baromètre n’indique plus que 910 Hpa.  
 
Durée effective de marche : 8h06
 

Date de création : 14/06/2009 @ 11:10
Dernière modification : 14/06/2009 @ 11:10
Catégorie : COMPOSTELLE - GR65
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